Réuni, à Godewaersvelde; le groupe recevait le 10 l'ordre de se porter dans les régions d'Arras, où on le
mettait à la disposition de l'armée, sous les ordres du général de Mauclhuy. L'artillerie lourde de l'armée était réunie en trois groupements, sous les ordres du général Besse, commandant l'artillerie de l'armée, un dans la région de Bully-Grenay, un dans la région de Carency, le 3ème à Arras. Le général Besse, n'ayant qu'un groupe de I05 à sa disposition, dota chaque groupement d'une batterie, ce fut la dislocation du groupe ; elle devait durer pendant près d'un an. La 11ème batterie prit position à Bully-Grenay, la 121ème à Camblain-l'Abbé, la 10ème d'abord à Mareuil, puis quelques jours plus tard, elle détache une section à Arras. Le commandant Blumer prit le commandement du groupement central.
Pendant tout l'hiver 1914-15, le rôle des trois batteries fut assez peu important ; d'ailleurs son organisait le secteur; de part et d'autre, la crise des munitions continuait à se faire sentir, on tirait très peu; les quelques actions locales menées pendant tout cet hiver avaient pour but la préparation aux grandes attaques de printemps ; tels furent les combats pour la possession de la colline de Notre-Dame-de-Lorette d'où on avait des vues sur toute la plaine de Lens. Des généraux dont le renom devait être grand avaient le commandement du secteur : c'était Foch, commandant le groupe d es armées du Nord ; c'était Pétain, commandant le 33ème C. A. ; c'était Fayolle, commandant la 70ème D. I.
Au mois de février 1915, une, attaque ayant été menée dans la région d'Ostende, la 2ème pièce de la 11ème batterie fut détachée sous les ordres du lieutenant en premier de la batterie, le lieutenant Mirénovitz ; elle eut une conduite remarquable et revint avec une citation à l'ordre de l'armée des plus élogieuses.
En janvier, l'utilité du groupe des colonnes légères ne se justifiant plus, il fut renvoyé sur le dépôt.
Mai arrive, tout le secteur d'Artois sort soudain de son long sommeil ; les fantassins, les canons, les munitions, les avions, affluent de partout c'est la grande attaque qui se prépare. Nos troupes ont devant elles une longue suite de collines qui s'étendent d'Arr.as à Lens et qui les séparent de la grande plaine de Douai ; la crête de Vimy, la plaine de Notre-Dame-de-Lorette sont les clefs de cette attaque, qui doit nous conduire à la trouée des lignes ennemies, à la reprise de la guerre en rase campagne. Le 9 mai, à 10 heures, après une préparation d'artillerie formidable pour l'époque, nos fantassins enthousiasme s'élancent à l'attaque depuis Arras jusqu'à Lens. Au centre tout marche bien ; à midi, nos tirailleurs sont sur la crête de Vimy ; malheureusement aux ailes la lutte fut plus âpre : Neuville-Saint-Vaast, Carency, Souchez, Notre-Dame-de-Lorette, ne peuvent être réduits ; nos fantassins, pris à revers par les mitrailleuses, doivent reculer devant l'ennemi qui, surpris tout d'abord par cette poussée, commence à se ressaisir. La trouée, était manquée, la victoire nous échappait, de durs combats devaient être engagés par la suite pour stabiliser le secteur sur des positions favorables. C'est ainsi que de mai à juillet on conquit successivement Carency, Ablain-Saint-Nazaire, Souchez, Notre-Dame-de-Lorette, Neuville-Saint-Vaast et le Labyrinthe, ouvrage formidable qui se trouvait au sud-ouest de Neuville-Saint-Vaast.
Le 4ème groupe du 20ème R. A. L. fut mêlé intimement à toutes ces attaques. La 2ème batterie, surtout, écrivit une page brillante dans l'histoire du groupe. D'abord à Bully-Grenay ; elle prit ensuite position aux environs de Noulette, à 1.000 mètres derrière nos fantassins, d'où elle contribua fortement, par la précision et l'à-propos de ses tirs, à la prise de la colline de Notre-Dame-de-Lorette.
Un bon observatoire était-il signalé ou pris à l'ennemi : quel que soit le danger qu'il présentait, on suivi d'un des lieutenants Mirénovitz et Miossec, du sous-officier Mauras et de ses téléphonistes.
C'est ainsi qu'avant les attaques de mai on le vit soit à la Fosse II de Béthune, soit au crassier de la Fosse Calonne : puis après le 9 mai aux avant-postes à Lorette. - Pendant cette période si active, la batterie Ramond n'eut pas heureusement à déplorer de trop grosses pertes ; le lieutenant Mirénovitz, bien qu'assez fortement touché au cou par un éclat d'obus, refusa de se faire évacuer. Quelques hommes furent blessés par des balles d'infanterie.
De brillantes citations vinrent récompenser de si gros efforts : le capitaine Ramond et le lieutenant Mirénovitz furent cités, très élogieusement, à l'ordre de l'armée.
Placées dans un secteur où les vues manquaient sur les arrières ennemis, les 10ème et 12ème batteries jouèrent, par leurs contre-batteries, leurs harcèlements, un rôle important mais pourtant moins brillant que celui de leurs sœurs.
D'abord à Camblain-l'Abbé la 12ème batterie se trouve portée ensuite à Mont-Saint-Eloi. La 12ème batterie
avait dès la fin d'avril quitté Arras pour venir à Mareuil. L'une et l'autre eurent à déplorer des pertes,
la 12ème perdait le canonnier Morlaise, la 10ème le cycliste Jacquet et le maître pointeur Vincent. Juillet et août turent calmes 1 on se reposait des efforts fournis pendant les mois précédents ; la 1 batterie
quitta sa position du bois de Noulette pour une position plus calme, l'éperon Machis,dU N-.0. d'Ablain Saint-Nazaire. était certain d'y rencontrer le capitaine Ramond, La guerre se prolongeant au-delà de toutes prévisions, des permissions furent accordées aux troupes ; ce fut un réconfort moral. -Vers la fin de juillet, le capitaine Magnin dut quitter la 12ème batterie, appelé au sous-secrétariat des munitions ; quelques jours après, le capitaine Rémy, venant du 34ème R. A., le remplaçait.
Septembre arrive ; on prépare de nouvelles opérations. En même temps que l'attaque menée le 25 septembre en Champagne parle groupe d'armées du général de Castelnau, se déclenche sur le secteur Arras, Vimy, Lens, une nouvelle poussée de la 10ème Armée. Ces attaques ne donnèrent pas ce que l'on en attendait. On arriva sur la crête de Vimy sans pouvoir en déboucher. Des attaques locales menées dans les débuts d'octobre n'eurent pas de meilleurs résultats.
Le mauvais temps gênait d'ailleurs considérablement les opérations.
La 12ème batterie se transporta le 27 septembre du mont Saint-Eloy à Bully-Grenay, dans le bois des
Alouettes. La 10ème batterie, qui à l'attaque du 25 s'était installée à Bray-sur-Somme, vint à Noulette. Les trois batteries du groupe, séparé depuis plus d'un an, étaient revenues dans le même groupement. - Fin octobre fut décidée la formation d'un régiment lourd de corps d'armée. Des trois groupements de ces régiments, un, le premier, composé d'un groupe de 105 et d'un groupe de 120 i,,ret 2e groupe, fit partie organique du corps d'armée. Le 1er novembre le 1er groupe du 2ème R. A. L. prit le nom de 1er r groupe du 109ème R. A.L. et devint élément organique du 9ème C. A. dans le secteur duquel il se trouvait. Le commandant Charlier, un brave échappé de Maubeuge, prit le commandement du groupe et réunit les trois batteries dans Bully-Grenay ; les 1ère et 2ème batteries se mirent dans le Coron du Maroc, la 3ème batterie resta dans le bois des Alouettes. Le chef d'escadron Charlier eut un passage bien court au 1er groupe ; le 16 novembre, il prenait le commandement d'un régiment et il était remplacé par le chef d'escadron Fétizon qui quittait le 3ème bureau du G. Q. G. pour faire un stage dans la troupe.
Dès novembre, chacun s'installa de son mieux pour passer l'hiver. Le groupe était du reste des plus hospitaliers ; les caves des corons se transformaient aisément en abris solides et sains. Bully-Grenay, encore habité malgré la proximité des lignes, offrait de grandes ressources.
Bien logés, bien chauffés, les soldats n'eurent pas trop à souffrir du feu de l'ennemi ; à part les jours d'actions locales menées principalement autour du bois en H., l'activité du secteur est faible, l'artillerie ne fit plus guère que des harcèlements. Ils devaient malheureusement nous amener quelques pertes. Le 18 novembre, la 2e batterie perdait le maréchal des logis Régis, chef de pièce d'une bravoure sans égale ; le 3 décembre, le cycliste Mécuyer, de la 2ème, était blessé ; le 12, c'était le tour du téléphoniste Mondan ; le 5 janvier, c'était le capitaine Ramond qui, traversant Bully, fut atteint à la jambe et au côté ; il refusait de se faire évacuer. Mondan reçut la médaille militaire et la croix de guerre et Lécuyer la croix de guerre. Fin janvier fut organisé un repos pour le groupe.
Chaque batterie alla passer 15 jours à Fontaine-les-Boulans petit village d'Artois à proximité de Pernes.
Le 9 février, son stage terminé, le commandant Fétizon quitta le groupe pour rejoindre le G. Q. G. Le chef d'escadron Bumen, du 20ème bureau du G. Q. G., -prit sa succession.
Quelques jours avant, le 4 février, le capitaine Courcier quittait brusquement sa batterie pour le ministère de la guerre ; le lieutenant Mirénovitz, de la 2ème batterie, prenait sa succession.
A la fin de février, le groupe eut l'honneur de donner asile au major Auguste de Lipinière, officier de l'armée italienne qui venait faire un stage dans l'armée française.
Le 10 mars, le 9ème C. A. était retiré du secteur et mis au repos dans la région de Berck. Son groupe de 105 le suivait et s'installait le 16 mars à Nampont-Saint- Martin pour y prendre un repos bien mérité.
Un accident devait, au départ de ce secteur de Lens, attrister tout le groupe si joyeux de partir au repos.
Entre Barlin et Bruay le cheval du maréchal des logis Girard, effrayé par un camion anglais, désarçonnait son cavalier ; le malheureux garçon roulait sous le camion et, écrasé, expirait peu après.
Du 10 mars au 10 avril, le groupe fêta un bon repos soit à Nampont-Saint-Martin, soit, à partir du 5 avril, dans la région de Saint-Just-en-Chaussée, dans les villages du Mesnil, du Plessieret de Fournival. Le repos ne fut guère coupé que par quelques manœuvres faites pour tenir le personnel en haleine. Fin mars, le capitaine Remy, appelé au commandement d'un groupe, avait quitté la 3ème batterie. Le lieutenant Sergent, de la ire batterie, avait pris sa succession.
A suivre : Verdun