1918
22ème : Début de 1918.
De la région de Bar-le-Duc, où à partir du 15 février il restera environ une semaine, le 120ème gagne, par voie de terre, la région de Vitry-le-François, et vient occuper les cantonnements de Bassuet et de Bassu. Il y demeurera jusqu'au 15 mars, cadres et troupes étant, durant cette période de repos, remis à l'instruction.
Le 28 février, le Lieutenant-Colonel BUREAU a quitté le 120ème et a été remplacé, à la tête du Régiment, par le Lieutenant-Colonel breveté GUILLIOT,
23ème : Verdun (rive droite : Occupation du Secteur de Louvemont, cote 344).
La 4ème division a reçu l'ordre, le 15 mars, d'aller relever à Verdun, sur la rive droite de la Meuse, la 11ème division, qui y occupe le secteur de Louvemont.
En conséquence, le 120ème, embarqué en chemin de fer, le 18 mars, à Blesmes, débarque le 19, au petit jour, à Baleycourt, près de Verdun et sur la rive gauche de la Meuse.
Le 19, le Régiment traverse Verdun et vient cantonner à Bras, d'où il montera en première ligne, dans la nuit, pour occuper le sous-secteur Le Pays : 2ème bataillon en première ligne ; 1er bataillon, en soutien, derrière le 2ème ; 3ème bataillon, en réserve d'I/O, plus en arrière encore.
Le secteur occupé est plus désolé encore, si c’est possible, que ceux de la côte 304 et d'Avocourt, que le Régiment a précédemment tenus. C'est, en tout cas, toujours l'enfer de Verdun avec des bombardements incessants, les obus à gaz ypérite devenant de plus en plus nombreux et nous occasionnant des pertes, surtout aux heures de ravitaillement.
La période du 19 mars au 1er avril sera marquée par une grande activité de l'artillerie ennemie qui vise à nous laisser croire à une nouvelle attaque imminente sur Verdun, afin de nous obliger à maintenir nos réserves dans ce secteur. (Notre commandement commence cependant à préparer la bataille de la Somme.)
Notre artillerie rend coup pour coup, et l'ennemi, désireux de savoir ce qui se passe chez nous, multiplie ses coups de main. Mais notre grand quartier général maintient ses décisions, et le 27 mars, le Régiment s'étale encore davantage.
Quoi qu'il en soit, celle bataille d'artillerie ne laisse pas que de nous occasionner des pertes : du 16 mars au 6 avril, nous avons à déplorer la perte de 6 tués et 65 blessés.
Le 30 mars, puis le 4 avril, les bataillons roulent entre eux dans les positions de première ligne, de soutien, de réserve : le 30, le 3ème bataillon est en première ligne ; le 5 avril, le 1er bataillon l’y remplace.
Le 7 avril, événement plus grave : le 1er bataillon, qui est en première ligne, est violemment bombardé.
A 5 heures, une attaque ennemie, forte de six compagnies pourvues de flammenwerfers et dotées de nombreuses mitrailleuses légères, se jette contre notre position du Buffle, dans le but d'enlever notre ligne de résistance.
Or, chez nous, les ordres donnés sont que les défenseurs de la parallèle de surveillance doivent, en cas d'attaque, se retirer sur la parallèle de résistance. Le mouvement s'exécute par échelons en combattant.
La section GAUMONT (2ème compagnie), plus particulièrement visée par l'ennemi, ne se laisse pas entamer. Les éléments allemands, qui l'abordent à l'est, sont pris sous les feux croisés des sections GAUMONT et BAUDRY et des mitrailleuses du 9ème bataillon de chasseurs, qui sont à notre droite : c'est ici un échec pour l'adversaire.
Nous sommes moins heureux à l'ouest, à notre gauche. Ici une fissure s'est produite entre nous et le 18ème bataillon de chasseurs : les Allemands pénètrent jusqu'à notre ligne de résistance, mais. vivement contre-attaqués aussitôt, ils sont définitivement rejetés sur leur position.
A 6 h. 10, nous sommes entièrement maîtres de notre tranchée de première ligne.
Mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les Allemands ont abandonné de nombreux morts sur le terrain. Nous avons pris, d’autre part, 7 officiers, dont 4 non blessés et 19 hommes.
Nous avons, au 120ème, 5 tués (dont le Sous-Lieutenant DESCHAMPS), 11 blessés, dont le Sous-Lieutenant GAUMONT), 72 disparus (dont un officier).
Le Sous-Lieutenant GAUMONT, légèrement blessé au cours du combat, est fait Chevalier de la Légion d'honneur, pour sa brillante conduite.
Les Sous-Lieutenants DESCHAMPS, BEAUREPÈRE ; l'Aspirant PACHY ; le Soldat LECOMTE, sont cités à l'ordre de l'Armée.
A partir du 10 avril, le secteur redevient plus calme et, du 13 au 17 avril, la 4ème division sera relevée, par bataillons successifs, par la 52ème division.
Le 17 mai, le Régiment est à Verdun. Ce même jour, il s'embarque à Baleycourt, pour aller cantonner dans la région de Charmont, Noyers, Auzecourt, non loin de Revigny, où il demeurera au repos jusqu'au 7 mai.
Période de repos employée à la reprise de l'instruction et à l'encadrement de renforts fort nécessaires.
24ème : Retraite sur l'Ourcq.
De la fin de mai au 6 juin, le Régiment sera engagé dans la bataille de l'Ourcq : c'est la grande offensive allemande sur la Marne ; toutes leurs réserves, rendues libres par la défection des Russes, donnent à plein contre nous et leur permettent un gain de terrain fort sensible :
D'autre part, les Allemands, qui sont en nombre, travaillent à coups d'hommes, en consentant les plus durs sacrifices.
Toute troupe française attaquée de front, l'est en même temps par ses ailes : c'est la méthode de l'encerclement ; nous y laisserons beaucoup des nôtres, comme l'ennemi lui-même.
Donc le 27 mai, le Régiment, embarqué en chemin de fer, est transporté dans la région de Compiègne.
En raison de la prise par l'ennemi de notre position du Chemin-des-Dames, le 120ème est dirigé, le 28 mai, sur Neuilly-Saint-Front, la Ferté-Milon, et placé d'abord en réserve de division à Grand-Rozoy, Beulgneux, où il bivouaque. .
Mais, tout de suite, le Régiment va être jeté en pleine bataille. Le 29, le 1er bataillon, avant-garde de régiment, reçoit l'ordre d'aller occuper : La Montjoie, à 2 kilomètres au sud- ouest de Launoy, où il sera à la disposition du Commandant du 18ème bataillon de chasseurs.
Suivant la tactique nouvelle, l'ennemi attaque aussitôt notre 1er bataillon de front, mais, n'ayant ainsi obtenu aucun succès, il cherche à l'encercler à droite et à gauche. Au cours de la nuit, le 1er bataillon, qui a ses flancs découverts, reçoit l'ordre de se replier sur Grand-Rozoy.
Le 30 mai, au petit jour, les 2ème et 3ème bataillons du Régiment 80nt en première ligne à Grand-Rozoy ; le 1er bataillon en réserve de régiment au signal de La Baillette.
A 9 h. 30, l'ennemi nous y attaque une première fois et subir un échec. Il reprend l'attaque à 12 heures, et nous déborde sur nos flancs ; à 15 heures, nous devons retraiter sur Oulchy-le-Château. La 1ere compagnie est sacrifiée pour protéger la retraite du 2ème bataillon : elle finit cependant par se décrocher difficilement, en subissant d'ailleurs de lourdes pertes.
La liaison entre les unités du Régiment n'est pas toujours établie : les 2ème et 3ème compagnies, avec le commandant RICHARD et des hommes du 3ème bataillon, se joignent au 9ème bataillon de chasseurs et s'organisent, près de la ferme de Géréménil, pour protéger le passage de l'Ourcq.
Nous avons, les 29 et 30 mai, 7 tués, 109 blessés (dont le Lieutenant GOINGT et le Sous-Lieutenant GAUTHlER) et plus de 300 disparus (dont un officier).
Le 31 mai : les attaques ennemies reprennent. Repoussé encore de front, l'Allemand procède à nouveau par infiltration sur nos flancs qui sont découverts, car les liaisons de régiment à régiment, et même de bataillon à bataillon (tant chacun combat sur un front étendu) n'existent guère. Nous battons à nouveau en retraite et repassons l'Ourcq, à Vichel-Nanteuil.
En liaison, cette fois, avec les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs, nos unités s'installent derrière l'Ourcq pour en interdire le passage à l'ennemi.
Une lutte furieuse s'engage : après six heures de résistance, nos flancs sont à nouveau débordés, et le Colonel reçoit l'ordre de faire retraiter le Régiment vers le sud ; le 120ème se retire par le Madon, les bois de Latilly-Sommelans, puis à 1.500 mètres plus au sud, où nous trouvons une position organisée et où le Régiment s'installe.
Ce jour-là, nos pertes sont relativement moins fortes : 6 tués, 90 blessés, 34 disparus.
Le 1er juin, le 1er bataillon reçoit l'ordre de réoccuper Sommelans pour se lier à des éléments du 147ème en position à l'est du village, mais l'ennemi est déjà dans Sommelans avec de nombreuses mitrailleuses. Le village est repris, mais pour peu de temps, car, assaillis de tous côtés, nos vaillants soldats, presque tous de la 1ère compagnie, doivent bientôt se replier sur le gros du Régiment.
La retraite reprend par échelons, en ne cédant le terrain que pied à pied.
Nous nous défendons ainsi dans Courchamps, en liaison avec le 367ème régiment d'infanterie, puis dans Hautevennes, et finalement sur le front Vinly-sur-Chézy, et Chézy-en-Orxois.
Notre résistance va d'ailleurs en s'accentuant et des renforts nous parviennent enfin.
Dans la soirée, l'ordre arrive de tenir à tout prix sur les positions que nous occupons.
Le 1er bataillon, qui s'est joint au 9ème bataillon de chasseurs, tient la route de Chézy à Vinly, en liaison à droite avec les cyclistes d'une division de cavalerie.
A 19 heures, l'ennemi attaque Vinly ; il est repoussé par notre feu et par les autos- mitrailleuses de cavalerie, et n'insiste plus ce jour-là.
Nos pertes sont de 4 tués, 21 blessés, 11 disparus.
Le 2, au petit jour, nos soldats se sont accrochés au terrain et se dissimulent dans les blés. En vain, l'Allemand nous a mitraillés toute la nuit sans arrêt ; ses avions nous ont survolés à faible altitude. En vain, vers 5 heures, l'ennemi repart à l'attaque sur Chézy et sur Vinly, attaque qui sera débordante par la vallée du Clionaux, affluent de l'Ourcq. Nous avons été ravitaillés en munitions, notre artillerie a été renforcée, la trouée est bouchée, l'Allemand ne passera plus désormais.
Nouvelle attaque ennemie vers 9 heures : nouvel échec de l'adversaire.
Nos pertes du 2 juin seront d'ailleurs légères : 1 tué, 12 blessés. Le 3 juin, encore une attaque contre le 1er bataillon : l'ennemi, qui arrive presque jusqu'aux abords de notre ligne, est encore repoussé.
Nous avons 1 tué et 7 blessés (dont le Sous-Lieutenant MONTElL).
Le colonel commandant l'I.D. 73 félicite le 1er bataillon pour sa belle et vigoureuse résistance.
Le 4 juin, l'ennemi, reconnaissant son impuissance devant notre front, s'efforce de s'infiltrer dans la vallée très boisée du Clignon pour déborder notre flanc droit. Mais nous nous empressons de renforcer notre droite et formons un crochet défensif pour nous relier aux éléments de défense de la vallée qui ont cédé, au premier choc, un peu de terrain. Nous faisons des abatis et infligeons, d'autre part, à l'ennemi de fortes pertes par nos feux bien ajustés. Notre ligne devient de plus en plus solide.
Le 5 juin, au petit jour, après un coup de main de notre part sur Dammart, qui ne donne au surplus aucun résultat, nous sommes relevés par des éléments de la 47ème division de chasseurs, et le Régiment va cantonner à May-en-Multien.
Cette phase de la campagne a été des plus dures, pour notre brave 120ème. Le Régiment, jeté à l'improviste dans une bataille déjà perdue, y a fait preuve de son mordant habituel. Jour et nuit, il a fallu se battre, marcher, creuser le sol, et le ravitaillement en vivres et en munitions ont eu le plus souvent bien de la peine à arriver jusqu'aux combattants : mais la marche allemande sur Paris a été brisée, et chacun espère en une revanche qui, en fait, ne tardera guère.
La Médaille militaire récompense les plus héroïques d'entre nous. En outre, le Général commandant la VIe Armée cite à l'ordre de l'Armée : les Capitaines CONSTANS, SCHLEXER, VIOT, ROUX ; le Médecin major MINVIELLE ; les Lieutenants LEIGNAC, AYMONIN, LE ROY- ORSONI, GUILLOT ; les Sous-Lieutenants MONTEIL, DELHOMME, CAZABAN ; les Sergents BAURY et COLLET ; le Caporal LECOMTE ; les Soldats lLLlET, DUMAS, MOLARD.
Du 6 au 14 juin, le Régiment est employé à des travaux de défense sur la droite de l'Ourcq, entre Crouy et Lizy.
Le 15 juin, il vient tenir une position de deuxième ligne en avant de Thury-en-Valois, position à, peine .ébauchée et qu'il met en état de défense (tranchées et réseaux de fils de fer).
Le 1er bataillon est à Mareuil-sur-Ourcq, le 2ème à Villeneuve-Saint-Thury, le 3ème à Boullare, l'état-major à Thury-en-Vallois. Nous y demeurerons du 15 juin au 11 juillet.
25ème : Reprise de l’offensive française (Marne et Vesle),
Le 12 juillet, le 120ème est transporté, par camions autos, jusqu'à Orly-sur-Morin, où il stationne jusqu'au 15.
Dans la nuit du 15 au 16, toujours par autos, il s'en va par Montmirail, Champaubert, Vauchamps jusqu'à Margny, où il débarque vers 8 heures.
De là, par route, le Régiment se portera à pied dans région de Ballue, où il sera en réserve d'infanterie. Durant l'étape, des avions ennemis, nous survolant, lancent sur nos troupes des bombes, et nous font 15 blessés (dont le Sous-Lieutenant SEIGNERlN).
Le 17, à 15 heures, à la nouvelle que l'ennemi a pris pied dans le bois de Condé-en- Brie, le Régiment est alerté, la 1ère compagnie est envoyée à Montchevret pour couvrir le Régiment sur sa gauche.
Le 18, au petit jour, les bataillons vont relever en deuxième ligne des bataillons du 25ème et des 2èmes régiments d'infanterie :
1er bataillon, aux abords de Clairefontaine.
2ème bataillon, au bois des Maréchaux.
3ème bataillon, plus en arrière aux Glapieds.
Nous sommes soumis à un violent bombardement, et avons 3 tués et 15 blessés.
Dans la nuit du 18 au 19, le 1er bataillon relève en première ligue un bataillon du 147ème près de la Marne ; le 2ème bataillon à La Chapelle-Monthodon ; le 3ème bataillon avec le Colonel est à Clairefontaine.
Le bombardement par obus de gros calibre et par obus à gaz nous occasionne encore 17 blessés.
Le 20 juillet, dans la nuit, le Régiment reçoit un ordre d'attaque.
Objectif : la Bourdonnerie, la Vitarderie, la Marne.
Une compagnie de chars légers marchera avec le Régiment :
Après une préparation d'artillerie de dix minutes, l'attaque est déclenchée à 6 heures. Mais l'ennemi vient de battre en retraite précipitamment, laissant sur le terrain de nombreux cadavres d'hommes et de chevaux, ainsi que d'importants dépôts de munitions.
Les 1er et 2ème bataillons occupent donc la Bourdonnerie et la Vitarderie, puis sont dépassés par le 3ème bataillon et une compagnie du génie qui vont border la Marne. Mais l'ennemi a fait sauter tous les ponts sur la rivière.
La 11ème compagnie et le peloton de pionniers s'efforcent de réparer une passerelle et de jeter des éléments au nord de la Marne. Ils sont accueillis par de violents feux de mitrailleuses qui empêchent tout passage et nous font subir des pertes (26 blessés, dont le Sous-Lieutenant BACHIMONT).
Le 21, la 10ème compagnie se .prépare à lancer une nouvelle passerelle, quand l'ordre arrive de surseoir à toute tentative ce jour-là. L'ennemi semble ne pouvoir tenir longtemps sur les bords de la Marne, et notre commandement veut ménager nos effectifs.
Dans la nuit du 21 au 22, le Régiment est, d'ailleurs, relevé par le 32ème régiment d'infanterie : il va cantonner à Ballue où il demeurera deux jours.
Le 24, la 4ème division reçoit l'ordre de relever la 73ème division, durant la nuit du 24 au 25.
A 13 heures, le Régiment se met en marche et vient s'installer dans la forêt de Condé- en-Brie, à la Grange-aux-Bois. La Marne est franchie à Sauvigny, sur un pont de bateaux, à 23 heures.
Le 25, dans la nuit, le Régiment va relever le 356ème par dépassement de ligne (au nord de Barzy-sur-Marne). Nous sommes dans la forêt de Ris, et avons comme mission de poursuivre l'offensive commencée par le 356ème.
Les 1er et 2ème bataillons attaquent en première ligne, à 9 h. 30. Ils enlèvent les premières tranchées allemandes, réalisant une avance moyenne de 500 mètres en profondeur. Le 1er bataillon capture 28 prisonniers et 7 mitrailleuses. Mais nous nous trouvons, au-delà, dans une partie de la forêt, très touffue, où la progression est difficile et où nous arrêtent au surplus des feux de mitrailleuses invisibles.
Nous avons 16 tués (dont le Sous-Lieutenant BARRÉ), 42 blessés (dont les Lieutenants BAUDRY et LEIGNAC et le Sous-Lieutenant MAISONNAVE).
Le 26, l'attaque est reprise par surprise, sans préparation d'artillerie, dans la direction du ruisseau de la Belle-Aulne. Nous gagnons péniblement 200 mètres de terrain, et sommes arrêtés à nouveau par des mitrailleuses lourdes et légères : elles sont plus nombreuses que la veille.
En fin de journée un peloton de la 7ème compagnie essaie, sans y réussir, de détruire un nid de mitrailleuses ennemies.
Nous avons 13 tués (dont le Sous-Lieutenant HAUQUIEZ), 51 blessés.
Le 27, au petit jour, nos patrouilles rendent compte que l'ennemi a cédé et s'est retiré pendant la nuit.
La marche en avant est reprise : à 10 h. 30, le premier objectif ruisseau de la .Belle- Aulne est atteint ; un peu plus tard, le deuxième, chalet de la Villardelle-l'Etang, est dépassé.
Le troisième objectif, ferme du bois de la Forge, sera occupé sans difficulté par le 2ème bataillon, mais le 1er bataillon sera arrêté quelque temps, à 800 mètres de la lisière nord de la forêt, par des mitrailleuses ennemies qu'il manœuvre ; en fin de journée, le 1er bataillon aura, lui aussi, atteint son dernier objectif.
L'artillerie ennemie réagit fortement sur la lisière nord de la forêt : nous avons 1 tué et 9 blessés.
Le 28 au matin, la marche en avant est reprise. Le Régiment a ordre d'attaquer le bois au nord de la défense, et d'en occuper les lisières nord et ouest.
Le 1er bataillon agira de front, pendant que le 2ème débordera le bois par ses deux flancs.
Les trois compagnies du 1er bataillon sont bientôt .arrêtées (mitrailleuses), et s'emploient avec succès à détruire ces mitrailleuses par tir de V.B.
La 5ème compagnie, qui fait face à l'est, met en fuite les éléments ennemis qui tenaient la lisière nord-ouest du bois. A 15 heures, cette compagnie tient, elle-même la lisière nord du bois. L'ennemi, ainsi tourné, lâche sa position et s'enfuit par le nord-est, laissant entre nos mains un aspirant et une mitrailleuse.
A 17 heures, tout le bois est en notre possession, et le 1er bataillon s'y organise en profondeur.
Le 2ème bataillon a poussé des éléments jusqu’à 300 mètres au sud du bois Meunière, où l'arrêtent des mitrailleuses ennemies installées dans ce bois.
A 22 heures, le 1er bataillon est relevé par le 3ème, et passe en réserve.
Nous avons, dans la journée, 7 tués, 31 blessés (dont le Capitaine BUVAT).
Le 29, les 2ème et 3ème bataillons essaient par cinq fois, d'enlever la lisière sud du bois Meunière, sans y réussir ; les mitrailleuses ennemies nous occasionnant, par des feux de flanc, des pertes sensibles.
Un peloton de la 10ème compagnie, sous le commandement du Sous-Lieutenant FILY, puis des fractions de la 5ème compagnie arrivent bien jusqu'au bois, mais, violemment contre- attaquées, ces unités ne peuvent s'y maintenir. Le Sous-Lieutenant FILY et le Sergent MORDEL seront, un peu plus tard, cités à l'ordre de l'Armée, pour leur vaillance.
37 tués, 63 blessés ou disparus (dont le Lieutenant MOREAU et le Sous-Lieutenant VERDENAT).
Dans la nuit du 29 au 30, le Régiment est relevé par le 147ème régiment d'infanterie, et placé en réserve à la lisière nord de la forêt de Ris, qu'il organise.
Nous avons 19 intoxiqués (dont le Commandant FISCHBACH).
Cependant, devant nous et sous la pression du 147ème, l'ennemi a abandonné le bois Meunière, et il continue à battre en retraite.
Le 2 août, le 120ème suit le 147ème, il traverse le bois Meunière.
A 17 h. 30, le Régiment est à Goussancourt.
A 16 heures, le régiment reçoit l'ordre de relever des éléments de la 18ème division.
Le 1er bataillon remplaçant le 32ème régiment d'infanterie à Vieux-Vezilly ; le 2ème, le 77ème au bois de Renus : notre ligne d'avant-postes est sensiblement à 800 mètres au sud d'Igny- l'Abbaye ; le 3ème bataillon est en réserve d'infanterie.
Le 3 août, le Régiment reprend la marche en avant, précédé par des cavaliers : nous poussons activement les arrière-gardes ennemies, dont le gros se replie sur l'Ardre.
A 8 heures, nous entrons dans Arcis-le-Pousart.
A 9 heures, dans Courville, où nous atteignons l'Ardre, dont les ponts sont sautés.
Vers 11 heures, des éléments avancés de nos 1er et 2ème bataillons réussissent à franchir l'Ardre, et à occuper les hauteurs entre le Grand Moulin et la ferme Maison.
A 17 heures, deux compagnies entières du 2ème bataillon ont franchi l'Ardre, et, en liaison à droite avec le 25ème régiment d'infanterie, à gauche avec le 147ème, attaquent la cote 179, où, par mitrailleuses et canons, l'ennemi nous oppose une .vive résistance.
Cependant, à 21 h. 30, tous nos objectifs sont atteints.
Dans la nuit, la compagnie du génie 2/52, aidée de nos pionniers, répare les passerelles de Courville-sur-I'Ardre.
Nous n'avons que 3 blessés dans la journée.
Le 4 août, le 1er bataillon traverse l'Ardre, avant le jour, sous le bombardement ennemi, et vient s'établir à l'ouest du 2ème bataillon, sur le mouvement 179, dont l'ennemi tient encore la partie nord et la ferme La Cuse.
Le 3ème bataillon passe l'Ardre à son tour vers 4 heures.
A la même heure, les 1er et 2ème bataillons se lancent à l'attaque des positions ennemies, où celui-ci les arrête d'abord par mitrailleuses et par un fort tir de barrage d'artillerie.
L'attaque, reprise à 15 heures, n'avance guère pour les mêmes raisons : 1 tué, 12 blessés.
Mais, le 5 août, l'ennemi, désemparé, a évacué le terrain pendant la nuit. Nous le suivons et gagnons enfin la Vesle entre Villette (inclus) et 100 mètres au sud de Magneux : bien entendu les ponts de la Vesle sont sautés, et des mitrailleuses allemandes gardent la rive nord ; tout le Tardenois est cependant définitivement délivré.
Nous venons, dans ces derniers temps, de réaliser une avance de 35 kilomètres en profondeur.
Le 6, journée de bombardement réciproque. Nos patrouilles reconnaissent les passages sur la Vesle : 3 tués. 16 blessés.
Le 7, le Régiment relevé vient bivouaquer au sud de Courville.
Le 8, il cantonne à Vezilly.
Le 9, il est sur la Marne, à Verneuil.
Enlevé en autos, le 11, il traverse Epernay et Châlons, et vient cantonner, jusqu'au 13 septembre, dans la région Herpont-Dompierre-le-Château, Noirlieu.
Le 16 août, le Lieutenant-Colonel SALLES remplace le Lieutenant-Colonel GUILLIOT, à la tête du Régiment
26e : Dernière offensive de Champagne.
Dans la nuit du 13 au 14 septembre, le Régiment, partie par autos (1er bataillon), partie par route (le reste du 120ème), vient cantonner à Auve, puis aux Camps est de Somme-Suippe el du Tremblay.
Le 15, les 1er et 2ème bataillons occupent le sous-secteur Dormoise, dont le Colonel prend le commandement ; le 3ème bataillon demeurant en réserve au Camp du Tremblay.
Nous sommes dans la région de Mesnil-les-Hurlus, en face de Tahure : le Régiment y a combattu deux fois déjà en 1915.
Le 120ème s'organise en vue d'une prochaine offensive.
Peu d'incidents ; des pertes très faibles jusqu'au 23 septembre.
Le 24, un fort coup de main ennemi nous enlève l'adjudant ; et 9 nommes.
Nous sommes relevés le 15, et placés en deuxième position derrière la 3ème division.
Le 26, après une formidable préparation d'artillerie, l'armée GOURAUD attaque sur tout son front. .
Devant nous, la 3ème division enlève Tahure et les hauteurs avoisinantes.
La 4ème division suit le mouvement.
Le 29 septembre, elle relève par dépassement la 3ème division.
Le 120ème remplace, en première ligne, des éléments du 87ème et du 51ème d'infanterie :
3ème bataillon, dans le ravin de Kœnigsberg, en formation d'attaque.
1er bataillon, en soutien, au camp de Paderbonn.
2ème bataillon, en réserve.
A 6 h. 30, le 3ème bataillon se jette sur le plateau ouest de Manre (Manre est dans les Ardennes), et atteint son premier objectif, sous un tir serré d'artillerie et de mitrailleuses qui bientôt arrête son élan.
En collaboration avec le 18ème tirailleur, la 10ème compagnie s'efforce de déborder les mitrailleuses, et y réussit à la tombée de la nuit, faisant 12 prisonniers valides (du 9ème grenadiers de la garde), pendant qu'une vingtaine d'autres se rendent aux tirailleurs.
L'ennemi abandonne, en outre, 12 mitrailleuses et laisse une vingtaine de cadavres sur le terrain.
Le 3ème bataillon achève alors de nettoyer la tranchée ennemie Bingen, qu'il occupe complètement.
Cependant à notre droite, le 18ème bataillon de chasseurs a encore fait plus de progrès en avant que nous, et un vide existe entre ses éléments de gauche et notre 3ème bataillon. A 19 h. 30, le 1er bataillon, qui a suivi le 3ème, vient boucher, malgré la nuit noire et le mauvais temps l'intervalle ainsi laissé vide : ce mouvement. S'exécute à merveille.
Le 2ème bataillon pousse jusqu'au camp de Paderbonn.
Nous avons 9 tués et 64 blessés (dont le Sous-Lieutenant VAUDOlS).
Le 30 septembre, au petit jour, des patrouilles de la 2ème compagnie s'emparent de 4 canons de 77, de 18 chevaux harnachés, et font 2 prisonniers.
A 9 h. 30, l'attaque est reprise : deux compagnies du 1er bataillon et la 9ème en tête.
A 11 heures, l'ennemi est refoulé jusqu'au chemin d'Aure, à Marvaux, puis nous arrivons jusqu'à des réseaux derrière lesquels tirent des mitrailleuses.
Mais, encore une fois, le 18ème bataillon de chasseurs, ayant réussi à franchir des réseaux se trouve plus avant que nous : nous progressons alors avec l'aide des pionniers du Régiment et des sapeurs du génie, qui cisaillent cinq réseaux successifs ; nous gagnons, ce jour-là, 7 kilomètres en profondeur.
4 tués, 39 blessés (dont le Lieutenant DIOT et le Sous-Lieutenant BÉNARD).
Le 1er octobre, au petit jour, le Capitaine DELPIERRE (1ère compagnie) s'empare, par une attaque à la grenade, d'un premier blockhaus, où il prend une mitrailleuse et fait des prisonniers.
A 10 h. 30. l'attaque générale est reprise, mais l'ennemi contre-attaque en même temps, et le combat devient particulièrement violent. Nous finissons par l'emporter, et la 1ère compagnie s'empare encore d'un blockhaus bétonné (1 aspirant prisonnier, 1 mitrailleuse enlevée).
La 2ème compagnie, à son tour, prend elle aussi, un troisième abri bétonné.
Puis c'est la 3ème qui s'empare d'un quatrième blockhaus, et fait 20 prisonniers.
Une contre-attaque ennemie, vers 11 h. 45, est complètement repoussée : nous demeurons maîtres de la crête pour laquelle on s'est battu, et établissons solidement nos liaisons à droite et à gauche.
Tout de même, nous avons encore ce jour-là, 6 tués et 67 blessés (dont le Capitaine DELPIERRE et le Sous-Lieutenant DENIS).
Le 2, le 2ème bataillon remplace le 1er bataillon en première ligne et tente de gagner encore du terrain en avant : il franchit un premier réseau ennemi, mais est arrêté devant des nids de mitrailleuses.
L'attaque est reprise le 3, après une courte préparation d'artillerie et des tirs de stokes et de V.B., deux réseaux sont franchis : de nouveaux prisonniers et des mitrailleuses tombent encore entre nos mains.
Pour ces deux jours, le 2ème bataillon a 6 tués et 87 blessés (dont les Capitaines ORIIONI et SANTERRE ; le Lieutenant LE BIHAN ; le Sous-Lieutenant FAURE).
Au total, du 29 septembre au 3 octobre, nous avons gagné 15 kilomètres en profondeur, et fait des prises importantes.
Dans la soirée du 2 octobre, le 87ème relève le 120ème. Nous retournons au camp de Paderbonn, où nous demeurons au repos jusqu'au 9 octobre.
Les 10 et 11, nous suivons les mouvements de la 3ème division, qui, elle aussi, va gagner du terrain en avant.
Puis, nous recevons une nouvelle destination.
Le 12, le Régiment est aux abris Mollandin, ravin de la Goutte ; le 13, à Bussy-Saint- Rémy, gare d'embarquement en chemin de fer ; dans le train les 14 et 15 ; le 16, en Lorraine, près de Lunéville : il cantonne à Frambois-Montcel.
Les succès du Régiment en 1918, sur la Marne, la Vesle et en Champagne, lui valent sa deuxième citation à l'ordre de l'Armée :
Superbe Régiment, qui a déjà fait preuve de son mordant dans l'attaque, et de sa ténacité dans la défense au combat de Bellefontaine, le 22 août 1914.
Sous le commandement du Lieutenant-Colonel SALLES, s'est de nouveau distingué, d'abord au cours de l'offensive de juillet-août 1918, sur la Marne, en progressant de 35 kilomètres, en capturant 8 mitrailleuses, 50 prisonniers et un nombreux matériel; puis, au cours de l'offensive de Champagne, en pénétrant sur 15 kilomètres de profondeur dans les organisations ennemies, en enlevant de haute lutte 15 mitrailleuses et une batterie de 77 toute attelée, en s'emparant de 100 prisonniers et d'un butin considérable. .
Cette deuxième citation confère au 120ème le droit au port de la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre,
27ème : Dans la forêt de Parroy.
Le 17 octobre, le Régiment est appelé à participer à la garde de la forêt de Parroy (sous-secteur de Froidefontaine), secteur relativement calme, mais fort étendu ; les abris y sont précaires,
Les trois bataillons sont en ligne.
Peu d'incidents.
Dans la nuit du 29 au 30, le 3ème bataillon exécute une reconnaissance offensive sur la lisière du bois Blamont, mais l'ennemi ne réagit guère et abandonne ses lignes pour éviter le contact.
Le 5 novembre, le Régiment a ses deux derniers blessés de la guerre (l'Adjudant JACQUOT et le Soldat SÉCHAU DE KERSALlEC).
Le 9 novembre, encore un coup de main : du 1er bataillon cette fois, contre le bois Blamont : nous pénétrons encore dans les organisations ennemies d'où l'adversaire s'est une fois de plus retiré .à notre approche,
Le 11 novembre, nous arrive la nouvelle de la signature de l'Armistice, alors que l'armée de Lorraine (24 divisions), dont fait partie notre Régiment, allait s'élancer, dans une vigoureuse offensive, contre l'ennemi manifestement désemparé (il ne pourrait nous opposer que quatre divisions fatiguées).
28ème : Marche vers le Rhin.
Conformément aux stipulations de l'Armistice, nous demeurons en place pendant cinq jours.
Le 17, le Régiment, quittant, l'arme sur l'épaule, la forêt de Parroy, gagne, pour la dernière fois, les organisations défensives ennemies.
A un kilomètre de Xures, le poteau-frontière est franchi. Le drapeau est déployé, le Régiment traverse, musique en tête, les villages de Lagarde (inoccupé), puis de la Bourdonnaye, dont toutes les maisons sont pavoisées de drapeaux français, et dont les habitants accueillent nos soldats avec un vif enthousiasme.
La marche glorieuse continuera les jours suivants : nous traverserons ainsi Sarrebourg, Reichshoffen, Wissembourg, reçus partout en libérateurs, pour aboutir enfin au : Rhin ! Souvenir impérissable ! Récompense suprême bien due aux vaillants du Régiment !
Depuis son départ de Stenay (31 juillet 1914), le 120ème d'infanterie a pris part à toutes les grandes batailles de la campagne : l'offensive en Belgique, la Marne, l'Argonne, la Champagne en 1915, Verdun en 1916, la bataille de la Somme, la deuxième bataille de la Marne.
Beaucoup des nôtres sont tombés durant ces rudes combats, mais les survivants ne les oublient pas, et un monument, dû à la reconnaissance émue des Anciens du 120ème, sera bientôt érigé en leur honneur, à Stenay, au seuil de l'ancienne caserne du Régiment.
L'Armée française a fait son devoir vis-à-vis de la Patrie en danger, mais sauvée, grâce à Elle !
Source : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/06/55/53/120-ri/ri-120.pdf