Enlevé en camions le 30 juin, le Régiment est transporté au camp des Clairs-Chênes. Les 4 et 5 juillet, il bivouaque au camp de Béthelainville, puis, le 6 juillet, il vient cantonner à Souhesmes et Vadelaincourt. Dès le 7, il se prépare avec ardeur à l'attaque qu'il doit prononcer le 17 sur le terrain redoutable de la cote 304.
Le 11 juillet, le lieutenant-colonel NICOLAS, évacué, est remplacé par le lieutenant-colonel TEILHAC.
Le commandant HUBERT, revenu au régiment après guérison, prend le commandement du 1er bataillon, en remplacement du commandant MAZIN, évacué en mai.
Prêt pour la grande tâche qui lui a été confiée, le 51ème est transporté en camions, le 14 au soir dans les bois de Béthelainville. Le 16, à 20 heures, les bataillons se portent sur leurs emplacements départ. Le mouvement très pénible en raison des difficultés du terrain n'est terminé que le 17, à 2 heures 30.
Quelques heures après, à 6 heures 15, les bataillons RAMPILLON (2ème ) et DESCORMES (3ème), sortant de la tranchée Bouchez et du boyau des Zouaves, s'élancent à l'assaut sous un violent tir de barrage. Le bataillon HUBERT vient remplacer les unités d'attaque comme garnison de tranchée.
La position ennemie, fouillis inextricable de tranchées et de boyaux bouleversés par notre artillerie, est abordée avec un entrain extraordinaire. Les hommes enjambent les chevaux de frise éventrés, les fils de fer projetés en tous sens dans les trous d'obus. Ils tombent et se relèvent dans les entonnoirs formidables, regagnent leur place et continuent l'ascension de la pente chaotique du Ravin de la mort.
L'objectif, les tranchées Grosclaude, Lescaux et la Demi-Lune, est rapidement atteint et la résistance ennemie, brisée. Dans leur ardeur, certains éléments poussent même au-delà vers Brocard et dans la tranchée Koenig.
Cette brillante action nous rend maîtres d'observatoires précieux et dégage la cote 304 à l'ouest.
Aussi, l'ennemi réagit furieusement avec son artillerie. Le terrain conquis est pilonné jour et nuit avec une extrême violence par obus de gros calibres.
Dans la nuit du 17 au 18, la compagnie de droite du bataillon RAMPILLON (6ème Cie, capitaine THOUARD), combat toute la nuit à la grenade et repousse trois contre-attaques.
Malgré la fatigue et le bombardement terrible, le terrain est organisé solidement. Aussi, après la relève, le Régiment pouvait-il être fier de son œuvre.
L'ennemi, qui a subi de lourdes pertes, laissait entre nos mains : 150 prisonniers, 6 mitrailleuses et 5 minenwerfers. Le Régiment perdait :
2 officiers tués ;
4 officiers blessés.
65 tués — 217 blessés — 58 disparus.
Ce brillant fait d'armes fait obtenir au Régiment une deuxième citation à l'ordre de l'Armée, et le droit au port de la fourragère, aux couleurs de la Croix de guerre.
Le motif de cette citation est le suivant :
« Régiment ardent dont la haute réputation s'est maintenue au cours de la campagne en de glorieuses occasions, notamment en 1915 à la tranchée de Calonne, en 1916 au cours de la campagne de Verdun, puis à la bataille de la Somme où il a conquis de haute lutte un système de tranchées des plus fort.
Le 17 juillet 1917, en Argonne, sous les ordres du lieutenant-colonel TEILHAC, a bondi de ses tranchées, atteignant d'un seul élan tous ses objectifs sur un front de 1.000 mètres. A maintenu toutes ses positions contre les retours offensifs sans céder la moindre parcelle de terrain, malgré une violente réaction d'artillerie. A capturé 150 prisonniers, 6 mitrailleuses et 5 minenwerfers. »
Relevé dans la nuit du 20 au 21 juillet, le 51ème bivouaque dans les bois de Béthelainville, où le général GUILLAUMAT, commandant la IIe Armée, vient le féliciter.
Le 21 au soir, le Régiment est embarqué en chemin de fer à Rampont et à Dombasle. Débarqué à Blesmes le 22, il cantonne à Orconte, Heilz-le-Hutier, Farémont, où il se reconstitue et se repose.
Passé en revue le 25 juillet, par le général PÉTAIN, commandant en chef, qui décore le ruban de la Croix de guerre du Drapeau de sa 2ème palme, le Régiment est ensuite embarqué en camions le 2 août, pour venir cantonner à Sorcy. Le 15 août, il occupe les cantonnements de Grimaucourt, Malaumont, Chauville, et le 18, il est transporté en camions à Passavant et Brizeaux.
Le 25 août, la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre, est remise au 51ème par le général BULOT, commandant la 6ème brigade.
Le 29 août, les bataillons HUBERT et RAMPILLON sont enlevés en camions et amenés dans les bois de Béthelainville, aux camps B et C. Ils y passent la nuit et, le 30, se portent en deuxième ligne dans le secteur de 304, pendant que le bataillon DESCORMES, transporté en camions, vient à son tour au camp B.
Le 1er septembre, le Régiment occupe les premières lignes à 304, où il relève le 272ème. La fameuse cote vient enfin d'être entièrement reconquise ; notre première ligne constituée par quelques trous d'obus organisés, borde le ruisseau de Forges. Tout est à faire. Le Régiment se met courageusement au travail, creuse tranchées, boyaux, abris, malgré les difficultés du terrain, la boue, les bombardements par obus explosifs et obus à gaz. Il monte en même temps une garde vigilante, repousse de nombreux coups de main sur les ouvrages de Lorraine, d'Alsace, et surtout de Palavas, et en exécute plusieurs avec succès.
Ce dur labeur est coupé de courts repos aux abris de 309, camps B et C, d'abord ; à Jubécourt, et au camp Pascal ensuite ; enfin à Rarécourt
1918
Dans la nuit du 23 au 24 janvier, après avoir repoussé vigoureusement un dernier coup de main ennemi sur Palavas, le Régiment est relevé par le 88ème. Il est embarqué le 25, à la gare de Rarécourt, débarque à Nançois-Tronville, et vient cantonner à Salmagne, Géry et Loisey.
Pendant ce pénible hiver, le Régiment avait perdu :
2 officiers blessés ;
1 officier intoxiqué.
40 tués — 162 blessés — 47 intoxiqués — 9 disparus.
AVOCOURT – MALANCOURT
Le 16 février, après 20 jours de repos, le 51ème est embarqué à la gare de Nançois-Tronville. Il débarque à Clermont-en-Argonne, et cantonne au camp des Pommiers et à Rarécourt. Le 19, il relève les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs à pied en avant d'Avocourt et dans le bois de Malancourt.
Le secteur est agité, l'ennemi bombarde fréquemment par obus et par bombes, et exécute de nombreux coups de main que le 51ème comme de coutume, repousse brillamment.
Au moment du dégel, l'eau envahit les tranchées et les boyaux ; l'on est obligé d'y placer un fond de caillebotis montés sur pilotis. Les parapets s'éboulent, le terrain environnant, trous d'obus jointifs, est transformé en marécage. Mais le surcroît de travail imposé par la réfection des tranchées et des boyaux, ne diminue en rien la vigilance du guet.
Le 7 mars, les bataillons HUBERT et RAMPILLON viennent cantonner à Rarécourt pour préparer un coup de main qui doit être exécuté sur la Grande Parallèle, la tranchée Michelin et la tranchée des Cuisines, dans le but de faire des prisonniers et de détruire les organisations ennemies. Des indices annoncent une grande offensive allemande et le haut commandement a besoin de renseignements.
Tout à fait prêts, les bataillons HUBERT et RAMPILLON viennent prendre leurs emplacements de départ dans la nuit du 16 au 17 mars. Le 17, à 5 heures 45, ils sortent des tranchées avec un entrain remarquable et se portent sur leur objectif.
Le bataillon HUBERT, à droite, submerge rapidement la Grande Parallèle, réduit les tentatives de résistance de l'ennemi, atteint la tranchée des Cuisines, que certains groupes dépassent, fait des prisonniers, détruit des abris, et rentre rapidement dans la parallèle de départ.
A gauche, le bataillon RAMPILLON gagne facilement la tranchée Michelin. Au-delà de cette tranchée, il lui faut traverser un champ d'entonnoirs jointifs remplis d'eau et de boue pour atteindre son objectif ; il s'y engage résolument. En franchissant des fils de fer, de nombreux hommes tombent dans les trous d'obus. Il faut les en retirer pour les sauver de l'enlisement. La marche est sérieusement ralentie, le barrage roulant progresse plus vite que les compagnies, et, lorsque le bataillon arrive devant la tranchée des Cuisines, il est accueilli par le feu intense de l'ennemi qui a eu le temps de sortir de ses abris et de garnir les parapets.
Le combat s'engage. Chefs et soldats montrent, comme d'habitude, un courage héroïque ; l'objectif est atteint, des prisonniers sont faits. Mais le décrochage est dur, et les pertes sont sérieuses. En raison du résultat, quoique cruelles, elles ne sont cependant pas trop lourdes.
L'opération, malgré tout, a merveilleusement réussi. Les 60 prisonniers, ramenés par les deux bataillons appartiennent à des régiments de trois divisions différentes, ce qui permet au commandement d'obtenir des renseignements plus que précieux, indispensables. Une fois de plus, le 51ème venait de mettre sa valeur en relief.
Le soir du 17 mars, les bataillons HUBERT et RAMPILLON rentrent à Rarécourt pour se reposer. Le 26 mars, ils relèvent dans le même secteur un bataillon du 87ème, et le bataillon DESCORMES, qui, à son tour, vient cantonner à Rarécourt.
Pendant cette relève, le capitaine THOUARD, blessé d'un éclat d'obus à la cuisse, conserve son commandement (6ème Cie), et refuse de se faire évacuer.
Le 2 avril, le Régiment quitte définitivement ce secteur et vient cantonner à Rarécourt, Jubécourt et Auzéville.
Le lieutenant-colonel TEILHAC, évacué pour intoxication le 10 mars, revenu momentanément pour diriger le coup de main du 17 mars, reprend définitivement le commandement du Régiment.
Pendant tout son séjour dans les bois de Malancourt, le 51ème perdait :
6 officiers blessés ;
3 officiers intoxiqués ;
2 officiers disparus.
15 tués — 85 blessés — 40 disparus (1) — 33 intoxiqués.
Le 6 avril, le Régiment fait mouvement par voie de terre et cantonne le soir à Ippécourt, Lavoye, Wally ; le 7, à Érize, Chaumont-sur-Aire, Courcelles-sur-Aire ; le 8, à Salmagne, Géry, Loisey, où il séjourne jusqu'au 15 avril.
L'ennemi a commencé son suprême effort. Sa pression est redoutable. Le 51ème s'entraîne fiévreusement en vue des combats futurs. Les 15 et 16 avril, il est embarqué à la gare de Nançois-
Tronville, et le 17 avril, il débarque à la Chapelle-aux-Pots, pour venir cantonner à Pierrefitte et à Savignies, où il séjourne 4 jours.
SOMME.
Le 22 avril, le Régiment vient cantonner à Maulers, la Chaussée-du-Bois-l'Écu et Rougemaison.
Le 24, il cantonne à Essertaux et le Bosquel ; le 26, à Chaussoy, Épagny, et, dans la nuit du 27 au 28, occupe le secteur de Thory, secteur d'attaque en pleine organisation.
Les Allemands viennent d'être arrêtés ; les lignes adverses sont simplement jalonnées. Les travaux entrepris sont poursuivis activement ; tranchées, boyaux, abris, tout est à faire.
Le secteur est très agité, le bombardement continuel. Les bataillons prennent successivement un demi-repos au bivouac du ravin 77 d'abord, au cantonnement d'Henneville ensuite.
Concurremment avec les travaux, le Régiment fait des coups de main : en particulier, le 13 juin où le sous-lieutenant GIRARDON capture trois Allemands et une mitraillette ; le 11 juillet, où le lieutenant GILOTTE, les sous-lieutenants MORILLON et BEUVAIN, enlèvent en plein jour, sans autre aide, une sentinelle ennemie.
Après trois mois d'un labeur acharné, coupé par cette défensive active, le terrain est organisé solidement. Aussi le 51ème va bientôt passer à l'offensive.
Jusqu'alors il avait perdu :
2 officiers tués ;
1 officier blessé .
24 tués — 99 blessés — 35 intoxiqués — 1 disparu.
Dans la nuit du 22 au 23 juillet, le Régiment se masse dans les tranchées de première ligne pour effectuer une attaque profonde sur les positions ennemies, avec l'aide de tanks anglais, dans le but de rejeter les Allemands sur la rive Est de l'Avre.
Le 23, à 5 heures 30, les bataillons HUBERT et DESCORMES s'élancent à la suite du barrage roulant et des tanks. Le bataillon RAMPILLON suit la progression.
A 6 heures 15, les bataillons HUBERT et DESCORMES atteignent le premier objectif fixé après avoir réduit les nids de mitrailleuses des lisières de Sauvillers et des Trois-Boqueteaux.
A 7 heures 30, le bataillon RAMPILLON, dépassant les bataillons HUBERT et DESCORMES, attaque le plateau de Sauvillers dont il se rend maître rapidement avec l'aide des tanks, malgré la résistance furieuse de l'ennemi. A 9 heures 15, le 2ème objectif est atteint. Le sergent ELIÈS (5ème Cie) pousse plus en avant encore avec une patrouille, fouille le bois du Harpon, capture tout le personnel d'un poste d'observation d'artillerie et ramène 15 prisonniers ainsi que le matériel d'observation et de liaison.
Enfin, à 10 heures 30, le bataillon DESCORMES, dépassant le bataillon RAMPILLON, s'empare des pentes ouest de l'Avre, où il s'installe.
Le 23 juillet a été pour le 51ème, une journée heureuse. Malgré les nombreuses difficultés et la fatigue de trois mois de secteur, grâce au courage de tous, chefs et soldats, une page glorieuse est ajoutée au livre d'or du Régiment.
Six officiers allemands, près de 400 hommes sont faits prisonniers ; 34 mitrailleuses, 8 minenwerfer d'accompagnement, 4 fusils antitanks et un nombreux matériel tombent entre nos mains. En outre, de nombreux cadavres ennemis jonchent le terrain.
Nous perdions :
2 officiers tués ;
2 officiers blessés.
22 tués — 122 blessés — 11 disparus.
A la suite de cette brillante affaire, le 51ème est cité pour la troisième fois à l'ordre de l'Armée dans les termes suivants :
« Sous le commandement de son chef, le lieutenant-colonel TEILHAC, après trois mois de séjour dans un secteur, qu'il a dû complètement organiser, a enlevé de haute lutte des points d'appui fortement défendus sur une profondeur de plus de 3 kilomètres. Placé à l'aile marchante du dispositif d'attaque, a, grâce à la rapidité de sa progression, débordé constamment les lignes adverses, contribuant ainsi puissamment au succès de l'opération du 23 juillet 1918. A fait plus de 350 prisonniers, dont 6 officiers, pris plus de 25 mitrailleuses. »
Le terrain conquis est aussitôt organisé, et, le 26 juillet, à la suite d'une série de mouvements, le bataillon DESCORMES est en secteur à Aubvillers, le bataillon RAMPILLON, en soutien dans le bois des Arrachis et de Mongival, le bataillon HUBERT au repos à Épagny.
Le 30 juillet, le bataillon HUBERT vient en première ligne, le bataillon DESCORMES en soutien et le bataillon RAMPILLON à Épagny.
Le 3 août, le bataillon Hubert occupe la ferme Filescamp, évacuée par l'ennemi, et le 4, les bois de Filescamp et de la Hache.
Dans la nuit du 4 au 5, le bataillon RAMPILLON relève le bataillon HUBERT. Il s'établit en avant-postes, couvrant tout le front de la division, de Braches à la gare d'Hargicourt, et repousse même les derniers postes ennemis, pour installer ses petits postes en bordure de l'Avre.
Le 5 août, deux tentatives de passage de l'Avre échouent. La section du Sous-lieutenant ARBELETCHE (5ème compagnie) réussit bien à traverser la rivière à Braches, mais, à peine passée, elle est soumise à un tel feu de mitrailleuses que, pour éviter la destruction, elle est obligée de s'abriter dans des trous d'obus pleins d'eau et ne peut regagner nos lignes qu'à la nuit.
Une attaque en forces doit être faite ; elle aura lieu le 8 août.
Dans la nuit du 7 au 8, le Régiment prend son dispositif d'attaque. Le bataillon RAMPILLON doit forcer le passage de la rivière ; les bataillons HUBERT et DESCORMES le suivre au plus près, puis, la rivière franchie, le dépasser et former une tête de pont pour permettre le passage des autres régiments de la Division.
Pendant la nuit, malgré la vigilance de l'ennemi, grâce au concours courageux et tenace des pionniers du Régiment et des sapeurs du génie, quatre passerelles sont construites sur le marais et les deux bras de la rivière.
Le 8 août, à 8 h.20, les colonnes du bataillon RAMPILLON se précipitent sur les passerelles, franchissent la rivière malgré le tir des mitrailleuses et se déploient. Les hommes, avec un entrain admirable, escaladent les pentes de la rive Est, tuent ou capturent les défenseurs. Les compagnies atteignent leurs objectifs avec une rapidité surprenante. Grâce au courage de tous, le franchissement de la rivière s'est remarquablement accompli.
Les bataillons HUBERT et DESCORMES suivant de près le bataillon RAMPILLON franchissent l'Avre à leur tour sous un feu intense d'artillerie et de mitrailleuses.
Le bataillon HUBERT, après avoir dépassé le bataillon RAMPILION, fait le mouvement de conversion prévu pour se placer face à la lisière N.-O. du bois Saint-Hubert. Sur le plateau, les mitrailleuses font rage. La progression commencée par bonds se termine par infiltration. L'objectif est atteint et un canon enlevé dans le bois du Losange.
Le bataillon DESCORMES, après avoir franchi l'Avre, devait aller prolonger le 1er bataillon à gauche et se placer face au N.-O. Pour relier le Régiment à la 15ème Division d'Infanterie coloniale.
Mais la 15ème D. I. C. n'ayant pu franchir l'Avre, le bataillon DESCORMES doit s'arrêter au sommet des pentes, devant le feu des mitrailleuses qui le prennent de front, de flanc, et se terrer.
Le Régiment se stabilise sur ces positions. Ce n'est que le soir qu'il est dépassé par le 87ème et le 272ème.
Cette opération, une des plus difficiles : jeter une tête de pont de l'autre côté d'une rivière à bords marécageux, dont tous les passages sont détruits, a été rapidement et brillamment exécutée.
Avec son entrain accoutumé, le 51ème a mené l'attaque avec une sûreté étonnante, malgré la violence du feu des mitrailleuses et les réactions d'artillerie ennemies.
Lorsque, accrochés aux pentes E. de la rivière, les soldats du 51ème, jetant un regard en arrière, voyaient leurs camarades de la Division franchir, presque en sécurité, l'Avre à leur tour, ils pouvaient se dire avec satisfaction :
« C'est grâce à nous que vous pouvez passer ! »
Plus de 300 prisonniers, 1 canon, 4 minenwerfer, 39 mitrailleuses, sont tombés entre nos mains.
Nous perdions :
1 officier tué ;
8 officiers blessés .
42 tués — 200 blessés — 3 disparus.
Ce fait d'armes a été sanctionné par une citation à l'ordre du 9ème Corps d'Armée dans les termes suivants :
« Régiment d'élite, glorieux dans le passé, admirable d'entrain dans le présent. Sous le commandement du Lieutenant-Colonel TEILHAC, chargé le 8 août d'établir la tête de pont destinée à permettre aux autres éléments de la Division le franchissement d'une rivière dont tous les points de passage étaient énergiquement défendus par l'ennemi, a brillamment accompli sa mission malgré la violence des tirs de l'artillerie et des mitrailleuses. »
Le 11 août, le Régiment quitte les positions conquises et vient cantonner à Fransures, Rogy, Gouy-les-Groseillers. Le 12, il cantonne à Blancfossé et Cormeilles ; le 15, à Halloy, Thieuloy, Grez-le-Hamel et, le 30 août, il est embarqué en chemin de fer à Feuquières.
Le 1er septembre, le Régiment débarque à Vitry-le-François et Blesmes, et cantonne à Heiltz-l'Évêque, Bignicourt, Vavray.
CHAMPAGNE.
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, le 51ème quitte ses cantonnements et vient stationner à Courtisols. Le 17, il bivouaque dans les bois au N.-O. de la Croix-en-Champagne. Le 24, le bivouac est transporté au N.-O. de Laval.
Une grande offensive est en préparation. Comme de coutume, le 51ème doit y prendre part.
Dans la nuit du 25 au 26, les bataillons prennent leurs emplacements de départ et le 26 septembre,
à 6 h.15, l'attaque est déclenchée. Le Régiment, bataillons HUBERT et DESCORMES en tête, bataillon RAMPILLON en soutien, doit suivre la progression des autres régiments de la Division, puis exploiter le succès.
Le 26, à 18 heures, le 51ème franchit la Dormoise entre Tahure et Ripont et, dans la nuit du 26 au 27, le bataillon HUBERT relève à droite le bataillon de tête du 272ème ; le bataillon DESCORMES relève à gauche le bataillon de tête du 87ème ; le bataillon RAMPILLON se place derrière eux en soutien.
Le 27 septembre, à 6 heures, l'attaque générale est reprise. Cette fois, le 51ème est en tête de la Division. Il va mener le combat sans l'appui de l'artillerie, retardée dans la zone des entonnoirs au sud de la Dormoise et qui n'a pu le suivre.
Les bataillons HUBERT et DESCORMES réussissent à progresser malgré la résistance opiniâtre de l'ennemi. Ils s'emparent du bois X-33, du bois de la Tourterelle, du grand camp de Paderbornn, grâce surtout à l'action audacieuse du Capitaine LARROUX et de la 10ème compagnie, et atteignent le sommet de la cote 180 au S. de Manre.
Le Régiment se trouvant en flèche reçoit l'ordre d'attendre que les divisions voisines aient progressé. Dans la nuit du 27 au 28, la 9ème compagnie (Capitaine CAPELLE) fait une reconnaissance sur la gare de Manre qui est trouvée solidement tenue par l'ennemi.
Le 28, à 6 h.15, le mouvement en avant est repris.
A gauche, le bataillon DESCORMES réussit à s'emparer de Manre. A droite, malgré toute sa bravoure, le bataillon HUBERT, arrêté par le feu intense des mitrailleuses et un barrage d'artillerie extrêmement violent, ne réussit pas à dépasser la cote 180.
Le bataillon DESCORMES, découvert sur son flanc droit, est dans une situation critique. Le bataillon RAMPILLON reçoit alors l'ordre de dépasser le bataillon HUBERT, coûte que coûte, pour dégager le bataillon DESCORMES menacé d'encerclement.
A 10 h.45, le bataillon RAMPILLON dépasse les compagnies de tête du bataillon HUBERT. Dès le débouché de la crête de la cote 180, il est accueilli par un feu terrible d'artillerie et de mitrailleuses. Le danger couru par les camarades du 3ème bataillon exalte tous les cœurs. La progression s'effectue quand même ; les terribles pentes sont dépassées, le ravin sud-est de Manre atteint, deux fortins sous béton pris de haute lutte et l'attaque est entamée sur la crête suivante. Mais les pertes sont lourdes, les cadres sont particulièrement éprouvés et, malgré tous les prodiges réalisés, il est impossible d'aller plus loin.
Le but est cependant atteint. Le bataillon DESCORMES est sauvé : cette puissante diversion a détourné le péril qui allait fondre sur lui.
Dépassé le 29 au matin par le 147ème , le Régiment vient se reformer sur les rives de la Dormoise où il bivouaque dans les anciens abris allemands.
Dans ces journées glorieuses, le 51ème s'est emparé de 35 canons, 50 mitrailleuses, 290 prisonniers, d'un grand nombre de munitions d'artillerie de tous calibres et d'un immense matériel dans le camp de Paderborn.
Il perdait :
4 officiers tués ;
15 officiers blessés.
Ces brillants faits d'armes font obtenir au Régiment une quatrième citation à l'ordre de l'Armée et le droit au port de la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Cette citation est conçue dans les termes suivants :
« Régiment ardent et manœuvrier. Sous la conduite du Lieutenant-Colonel TEILHAC, après avoir, le 8 août, exécuté de vive force, en plein jour, sous le feu de l'ennemi, un passage de rivière difficile et âprement disputé, a abordé les 27 et 28 septembre 1918 avec entrain et habileté, des positions successives défendues par un système puissant de feux de mitrailleuses énergiquement servies, abritées sous casemates et non soumises à la préparation de l'artillerie. Y a fait plus de 300 prisonniers et capturé 35 canons, 50 mitrailleuses, des munitions et un matériel considérables. »
Le 3 octobre, le Régiment quitte ses emplacements pour bivouaquer aux environs de Manre. Réserve de Division, il est prêt à intervenir en cas d'avance des deux autres régiments.
Le 9 octobre, il s'intercale en première ligne, entre le 272ème, à droite, et le 87ème, à gauche.
Le 10, l'ennemi évacue lentement ses positions. La poursuite commence.
Le 51ème s'empare successivement de Liry, de Mont-Saint-Martin, de Bourcq, de Mars-sous- Bourcq et vient border l'Aisne, au N. de Vouziers, le 13 octobre, à 13 h.30.
Pendant ces trois journées de combat, le Régiment, qui abordait de front la défense de plateaux successifs, complètement battus par les mitrailleuses de l'adversaire, dont l'artillerie tenait sous son feu les ravins, surmonta bien des difficultés en dépit de la fatigue et progressa de 16 kilomètres.
Grâce à ses qualités manœuvrières, il ne perdit, pour obtenir un tel résultat, que 9 tués, 52 blessés, 3 disparus.
Relevé le 13 octobre, le Régiment cantonne successivement aux abris de Manre, le 14 ; à Saint- Jean-sur-Tourbe et Laval, le 15 ; à Herpont et Herpine, le 16 ; à Bussy-le-Repos et Vanault-le-Châtel, le 17 ; à Vitry-en-Perthois et Marolles, le 18 ; à Lignon et Brandonvillers les 19, 20 et 21.
Enlevé en camions, le 22 octobre, le 51ème débarque le 23 soir et cantonne à Azerailles, Glonville et Magnières.
Les 26 et 27 octobre, il relève le 75ème dans le secteur d'Herbéviller avec cantonnements à Hablainville, Reclonville et Pettonville. Secteur calme entre tous, d'un calme jusqu'alors inconnu aux braves du 51ème.
Le 10 novembre, le Régiment, relevé par le 356ème, vient se mettre en place, dans la forêt de Parroy pour une grande attaque projetée. Le 11 au matin, le cœur épanoui de fierté, l'âme heureuse d'avoir été capable de satisfaire aux efforts, à l'abnégation, qu'exigeaient le salut et la gloire de la France, il apprenait avec une joie virile la triomphante nouvelle de l'armistice.