Historique du 51 ème R.I.

1914

http://tableaudhonneur.free.fr/51eRI.pdf

Le 5 août 1914, le 51ème Régiment d'infanterie, commandé par le colonel LEROUX quitte ses casernes de Beauvais.

Une foule vibrante, enthousiaste, l'acclame et l'accompagne à la gare.

Tous les cœurs, révoltés par l'agression allemande, sont animés d'un puissant amour patriotique.

Dans la nuit du 5 au 6 août, le Régiment, qui fait partie de la IVème armée, débarque à Stenay. Il cantonne le long de la Chiers et installe ses avant-postes face au Nord.

Le 6 août, le bataillon MAYER-SAMUEL (3e ) est envoyé en Belgique, vers Tintigny, Étalle, Rossignol, Jamoigne, comme soutien de la 4e division de cavalerie. C'est lui qui, le premier, a l'honneur de voir l'ennemi, de lui infliger des pertes.

Le 11 août, la section ROISIN (10ème  Cie) tue deux cavaliers ennemis, trois chevaux et fait huit prisonniers, dont un vétérinaire du rang de capitaine. Le 18 août, le 3ème bataillon, fatigué par 13 jours de longues marches et de nuits sans sommeil, fier de montrer ses trophées que les camarades regardent avec envie, rejoint le régiment à Vigneul-sous-Montmédy.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BATAILLE DE VIRTON.

 

Le 51ème va bientôt recevoir le baptême du feu et, dans une première et très dure épreuve, donner toute la mesure de sa valeur.

Alerté à l h.30, le 22 août, le régiment quitte son cantonnement de Montmédy pour se porter à l'attaque des forces allemandes signalées en Belgique.

Vers 8 heures, la frontière est franchie.

A 8 h.30, en traversant l'espace découvert, large de 600 mètres, situé entre le bois de Sommethonne et le village de Villers-la-Loue, les bataillons sont successivement soumis à un bombardement extrêmement violent de l'artillerie lourde allemande. Malgré les pertes, particulièrement sévères à la 2ème section de mitrailleuses (Lieutenant RAMPILLON), le mouvement en avant continue dans le plus grand ordre.

Les bataillons BERTHON (2ème) et MAYER-SAMUEL (3ème) reçoivent l'ordre d'attaquer l'ennemi qui garnit les crêtes dominant Villers-la-Loue au N.-E. Objectif : Meix-devant-Virton.

Le bataillon AGEL (1er), soutien d'artillerie, reçoit l'ordre d'occuper Villers-la-Loue et de mettre ce village en état de défense.

Le bataillon BERTHON, suivi du bataillon MAYER-SAMUEL, traverse Villers-la-Loue et se porte à l'attaque. L'ennemi, retranché, se défend énergiquement. Il a de nombreuses mitrailleuses et une puissante artillerie. Qu'importe ! Pleines d'entrain, les unités abordent les crêtes, les franchissent, chargent à la baïonnette sur des glacis de 1.200 mètres !

Les pertes sont sérieuses. Le capitaine VALLÉE (6ème Cie) est tué, le sabre à la main, en avant de sa compagnie, en l'entraînant à l'assaut, ainsi que le sous-lieutenant GOUDON. Le médecin aide major de 1re classe DUPUIS est tué en se portant au secours d'un blessé. Le capitaine MAZIN (5ème Cie), les sous-lieutenants FAYN, DARLIGUIE, DESFORGES, DE PERETTI (1) sont blessés. La troupe a 15 tués, 140 blessés, 30 disparus. La 6ème compagnie a particulièrement souffert. Elle n'a plus d'officiers ni d'adjudant et le sergent-major LOMBARD prend le commandement des 80 hommes qui restent.

Cependant, l'objectif est atteint. Le 2ème bataillon est à Meix-devant-Virton en flammes où il passe toute la nuit. Le 3ème bataillon est à Robelmont. Le 1er bataillon, resté à Villers-la-Loue, continue à être soumis à un bombardement violent.

Le 23 août, la situation reste la même ; les bataillons se reforment et l'ennemi ne bouge pas. Le 24 août, le Régiment, prêt à reprendre l'attaque, reçoit l'ordre de battre en retraite. Les étapes de cette retraite sont rendues très dures par le nombre des kilomètres parcourus, par la chaleur, le manque de sommeil et de nourriture. Mais, en rien, le moral du 51ème n'est entamé. Ses merveilleuses qualités de confiance, d'endurance, de mordant ne subissent aucune atteinte et il le prouve magnifiquement chaque fois que l'ennemi qui le suit veut l'aborder : à Cesse, sur la Meuse, le 27 août ; à Fontenoy et Buzancy, le 31 août ; à Dommartin-sur-Yèvre, le 4 septembre, jour où le drapeau reçut un éclat d'obus.En7

fin, le 6 septembre, à Blesme, c'est avec joie que le 51ème, las de reculer, reçoit l'ordre de ne plus regarder en arrière, de mourir jusqu'au dernier plutôt que de céder un pouce de terrain.

Pendant la retraite, il avait perdu :

Officiers blessés ;

1 Officier disparu ;

18 tués ; 248 blessés et 85 disparus, presque tous tombés au combat de nuit à Cesse.

BATAILLE DE LA MARNE.

 

En fin de marche, le 5 septembre, les bataillons AGEL (1er) et BERTHON (2ème) étaient cantonnés à Blesme, le bataillon MAYER-SAMUEL (3ème), à Scrupt.

Le 6 septembre, la bataille commence. A 9 heures, les obus ennemis de 150 tombent sur le village.

Le 2ème bataillon reçoit l'ordre d'occuper le talus du chemin de fer au N. de Blesme et de détacher en avant-ligne, à 800 mètres, une compagnie (8ème, capitaine DUMAZ).

La 4ème compagnie (capitaine TARRIT) est détachée à Dompremy, pour établir la liaison avec le corps colonial. La journée se passe ainsi, l'ennemi continuant à bombarder Blesme, Dompremy, la voie ferrée, sans prononcer d'attaque.

Le commandant BERTHON est blessé et le commandement du 2ème bataillon est pris par le capitaine LAPRUN.

Le 7 septembre, vers 7 heures, le bombardement de Blesme reprend avec plus d'intensité que la veille. La 8ème compagnie, attaquée, défend vaillamment la tranchée qu'elle a creusée la veille et repousse l'infanterie allemande en lui infligeant de sérieuses pertes. Dans l'après-midi, le bombardement de Blesme redouble ; de nombreux incendies s'allument. La 8ème compagnie, assaillie de nouveau, résiste toujours sur ses positions. Le reste du 2ème bataillon tient solidement la voie ferrée.

A 17 heures, le bataillon AGEL, obligé d'évacuer le village en flammes, vient garnir le talus de la voie ferrée, à gauche du bataillon LAPRUN. Le bataillon MAYER-SAMUEL quitte Scrupt et vient, à la droite du 2ème bataillon, occuper Saint-Lumier. Pendant le mouvement du 2ème bataillon, le colonel LEROUX est blessé. Le commandant AGEL, passant le commandement du 1er bataillon au capitaine HAYOT, prend le commandement du Régiment.

Le 8 septembre, à 6 heures, les feux d'infanterie et d'artillerie reprennent sur toute la ligne. La 1re compagnie (capitaine FEHNER) et la 1re section de mitrailleuses (sous-lieutenant NOILLE) vont occuper la gare d'Haussignémont. Le village de Dompremy, en flammes, est violemment attaqué.

La 4ème compagnie résiste héroïquement. A 9 heures, après avoir perdu son chef, le capitaine TARRIT, tous ses cadres et les trois quarts de son effectif, elle est obligée de se replier sur Haussignémont. Les Allemands suivent et franchissent le ruisseau de Dompremy. Malgré tous leurs efforts ils ne peuvent aller au-delà ; même, ils seront bientôt repoussés par une vigoureuse contre-attaque du 87ème.

Dès 6 heures, le 9 septembre, le combat s'engage de nouveau. Nous conservons intégralement nos positions.

Le 10 septembre, à 3 h.30, le bombardement et la fusillade reprennent et augmentent rapidement d'intensité. On sent que l'ennemi veut, à tout prix, s'emparer de la voie ferrée. A 4 h.30, il prononce une attaque générale sur tout le front.

La 8ème compagnie, entourée, ne cède pas un pouce de terrain. Elle lutte avec une ténacité farouche malgré la mort de son chef, l'héroïque capitaine DUMAZ, tué le fusil à la main. Les compagnies qui défendent la voie ferrée combattent avec la même opiniâtreté et arrêtent, par un feu violent et précis, la marche de l'infanterie ennemie, arrivée à moins de 100 mètres. Là aussi, en quelques minutes, les commandants d'unités, debout sous la mitraille, payant d'exemple, tombent tués ou blessés (sous-lieutenant RAYNAL, commandant la 7ème Cie, tué ; Capitaine HUBERT, commandant la 6ème Cie ; Capitaine SALVAN, commandant la 5ème Cie ; Lieutenant RAMPILLON, commandant la 2ème section de mitrailleuses, blessés).

A 10 h.30, l'ennemi qui a subi de lourdes pertes, renonce à poursuivre l'attaque, le bombardement seul continu. Les 62 survivants de la 8ème compagnie rejoignent le bataillon LAPRUN, en ramenant 63 prisonniers.

A 16 h.30, tout est redevenu silencieux.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre, les patrouilles envoyées en avant du front rendent compte que l'ennemi a abandonné ses positions et qu'il ne reste plus sur le terrain que des cadavres et un grand nombre de blessés.

Le 11 septembre, le Régiment, à la limite de ses forces, se repose sur place et le 12, la poursuite commence.

Une lutte aussi longue et aussi acharnée nous avait causé de sérieuses pertes.

5 Officiers tués ;

11 Officiers blessés.

 

ARGONNE

 

Le 12 septembre, le 51ème, avant-garde de la Division est à Possesse ; le 13, à Sainte-Menehould et Verrières ; le 14, à La Harazée et Vienne-le-Château.

Le 15 septembre, les Allemands font tête, se cramponnent aux halliers touffus de l'Argonne et résistent énergiquement. Alors commence une lutte longue, incessante, âpre et meurtrière que le Régiment va soutenir pendant quatre mois.

Il serait trop long pour ce petit historique, de détailler toutes les attaques faites pendant cette période ; il faut, malheureusement, se borner à rappeler qu'en ce début de la guerre de tranchée, nulle part ailleurs la lutte ne fut plus dure que dans ces forêts où dorment tant de braves du 51ème.

Les meilleures troupes de Metz seront bientôt opposées au Régiment ; les tranchées adverses sont très rapprochées ; l'acharnement est égal des deux côtés ; les grenades, les pétards, les mines ne tardent pas à faire leur apparition,

Il semble que la valeur particulière du 51ème se soit confirmé là, que les qualités de bravoure, d'endurance, de ténacité, de combativité qu'il a montrée dans cette dure épreuve l'aient tout particulièrement désigné pour entrer dans la voie des hautes luttes qu'il soutiendra plus tard.

Pendant cette période, il faut citer cependant :

Le 21 septembre, l'attaque sur Servon ;

Le 21 octobre, l'attaque allemande sur la 4ème compagnie ;

Le 2 novembre, l'attaque allemande sur le bataillon HAYOT (1er).

Les 8 et 10 novembre, les attaques si meurtrières de la cote 176 ;

Les attaques des 23 novembre, 1er, 8, 9, 10, 21, 22, 23, 31 décembre et du 5 janvier que les Allemands dirigent sur nos tranchées.

Mais à aucun moment ils ne peuvent rompre notre front ni venir à bout de la ténacité du Régiment, nullement ébranlée par les pertes subies. Celles-ci furent lourdes.

112 tués ; 382 blessés ; 80 disparus.

12 Officiers tués ;

25 Officiers blessés ;

2 Officiers disparus ;

317 tués, 1.570 blessés, 577 disparus.

Les actes de bravoure, de dévouement sont tellement nombreux qu'il est impossible de les mentionner. Citons cependant :

Le soldat JUMELLE, agent de liaison à la 8ème compagnie qui, blessé de deux balles à la cuisse en transmettant un ordre au cours d'une attaque, se traîne jusqu'à son commandant de compagnie, rend compte : « Ordre transmis, mon lieutenant » et demande l'autorisation d'aller se faire panser.

Le soldat CARRON, de la 8ème compagnie qui, le premier ramasse une bombe ennemie prête à éclater et la rejette dans la tranchée adverse, geste vite consacré et dont le soldat TUTOY, de la même compagnie, se fait une spécialité.

En octobre, le commandant GIRARDON prend le commandement du 3ème bataillon, en remplacement du commandant MAYER-SAMUEL, évacué pour maladie.

Après la mort du lieutenant-colonel AGEL, le commandant GIRARDON prend le commandement

du régiment jusqu'à l'arrivée du colonel BRION (25 novembre 1914).

Le commandant ZEIL, prend le commandement du 2ème bataillon, en remplacement du commandant

LAPRUN, blessé.

 

1915

 

Relevé le 12 janvier, le 51ème va cantonner à Passavant.

Le 13 janvier, il est à Laheycourt et Argicourt où il se repose jusqu'au 7 février. Repos mérité s'il en fut !

La vue du premier civil, de la première botte de paille, du premier pain blanc déchaîna des exclamations enthousiastes. Pendant quatre mois d'Argonne, le 51ème avait oublié qu'il existait en d'autres lieux autre chose que la boue, la souffrance et la mort.

Le 8 février, le régiment vient cantonner à Herpont et Dommartin-sur-Yèvre. Il y reste jusqu'au 19, s'entraînant pour de nouveaux combats. Le Haut Commandement, sûr de sa valeur, va lui confier l'essai redoutable de crever le front ennemi, mission que le 51ème mènera à bien, avec sa ténacité habituelle, après des combats acharnés.

 

BEAUSÉJOUR

 

Le 20 février, le régiment vient cantonner dans les abris entre Somme-Tourbe et Somme-Suippe.

Le 21, il se porte en ligne et, dans la nuit du 21 au 22, relève le 84ème régiment d'infanterie dans les tranchées au N.-E. de Mesnil-lès-Hurlus.

A 10 heures, le 51ème reçoit l'ordre de s'emparer des tranchées allemandes au sud de la cote 196 avec, pour objectif, la cote 196.

Tâche redoutable que l'escalade de ces pentes battues par le feu terrible de l'ennemi retranché, embusqué dans les bois ! Le régiment va se heurter à la Garde allemande qui a l'avantage du terrain.

Ce duel ne lui déplaît pas et, après 7 jours de combats continus, sanglants, l'objectif est atteint, la Garde battue et le front crevé.

Donc, le 22 février, les derniers préparatifs faits, le bataillon ZEIL (2ème) brillamment entraîné par son chef, sort de ses tranchées, à 15 heures et se porte à l'assaut. Malgré le feu intense de l'ennemi, en dépit de lourdes pertes, il réussit à progresser de 200 mètres et à prendre pied dans le bois Allongé.

A 18 heures, une contre-attaque allemande, forte de plusieurs compagnies débouchant en colonnes par 4 est arrêtée net par nos feux.

Le 23 février, l'attaque est reprise ; c'est au tour du bataillon GIRARDON (3ème) à marcher. Il se porte à l'assaut à 16 heures. Certains de ses éléments, par suite de fausses directions prises dans le brouillard, dévient et aboutissent sur une de nos tranchées en saillant. D'autres, sous le commandement du sous-lieutenant BALLEYGUIER (12ème Cie) qui avait revendiqué l'honneur de cette mission, s'emparent du bois Rabougri où ils se retranchent aussitôt.

Les 24 et 25, le terrain conquis est organisé et nos positions du bois Allongé, élargies après un dur combat à coups de pétards.

Le 26 février, le bataillon GIRARDON, électrisé par son chef, calme et impassible sous la mitraille, reprend l'attaque. Il s'empare, sur un front de 300 mètres environ, des tranchées allemandes du bois Allongé et capture deux mitrailleuses et un poste téléphonique.

Dans la nuit du 26 au 27, l'ennemi prononce de furieuses contre-attaques qui subissent un sanglant échec.

La journée du 27 se passe à organiser le terrain conquis. Plusieurs contre-attaques sont encore repoussées par nos feux, les tireurs montant sur le parapet pour mieux ajuster leurs coups.

Le 28 février, le bataillon HAYOT (1er) fournit le dernier effort. Les compagnies, placées face à leur objectif par le commandant GIRARDON, partent à l'assaut à 14 heures. Elles s'emparent des tranchées allemandes, dépassent la deuxième ligne et se répandent dans la plaine sans rencontrer de résistance sérieuse.

LE FRONT ÉTAIT CREVÉ

 

En raison du petit effectif disponible, le lieutenant-colonel BRION ne peut faire pousser l'attaque plus loin. Il donne alors l'ordre d'occuper solidement les tranchées conquises et demande du renfort.

L'ennemi tente bientôt des contre-attaques. Celles-ci, exécutées à fond par des unités fraîches de la Garde, ne peuvent entamer nulle part notre nouveau front.

Pendant les journées du 1er au 5 mars, appuyé par les renforts accourus, le régiment fait des efforts désespérés pour élargir la brèche. Il y réussit en partie. Mais l'ennemi s'est ressaisi ; il se cramponne et prononce de furieuses contre-attaques toutes arrêtées par nos feux.

Dans la nuit du 5 au 6, le 51ème, épuisé, pantelant, mais couvert d'une gloire impérissable est relevé.

A la suite de ces faits d'armes, il est cité à l'ordre n° 186 de la IVe armée, dans les termes suivants :

« Le 51ème régiment d'infanterie, sous le commandement du lieutenant-colonel BRION, a enlevé d'un seul élan une importante position allemande fortement organisée, en a chassé les défenseurs avec une bravoure et une énergie qui ont fait l'admiration de toutes les troupes du secteur, s'est installé sur les positions conquises et a résisté obstinément pendant plusieurs jours aux contre-attaques acharnées des renforts ennemis. »

Au cours de ces glorieuses journées, le 51ème a subi des pertes cruelles, parmi lesquelles le brave commandant ZEIL, blessé le 5 mars, à la tête, par une balle.

6 officiers tués ;

9 officiers blessés ;

2 officiers disparus .

240 tués — 604 blessés — 172 disparus.

Le commandant KIESELÉ prend le commandement du 2ème bataillon en remplacement du commandant ZEIL.

Après la relève, le régiment va cantonner aux abris de Somme-Tourbe où il reste jusqu'au 8 mars.

Du 9 au 22 mars, il se reforme et se repose à Herpont, puis, du 22 au 30 mars à Possesse.

Le 25 mars, le régiment est passé en revue par le général JOFFRE qui félicite le lieutenant-colonel BRION et le 51ème pour la prise de la cote 196. Il prononce ces paroles :

« Colonel BRION, je vous remercie du bien que vous avez fait au pays par votre brillante conduite.

Mes plus cordiales félicitations ! ».

WOËVRE

 

Le 31 mars, le 51ème quitte Possesse et va cantonner à Le Châtelier et Givry-en-Argonne. Les 1er et 2 avril il stationne à Èvres ; le 3 à Senoncourt ; le 4 à Haudainville ; les 5, 6 et 7 à Sommedieue ; les 8 et 9 à Manheulles, Ronvaux et Haudiomont.

Le 10 et le 11, les compagnies quittent leurs cantonnements et occupent les tranchées de la Woëvre devant Riaville. Du 12 au 14 avril, le régiment attaque avec abnégation pour s'emparer des tranchées et du village de Marchéville. Tous les assauts se heurtent aux défenses accessoires intactes de l'ennemi, qui les défend avec acharnement et les résultats ne répondent ni aux sacrifices, ni à la somme d'héroïsme de ces trois journées de batailles.

Les pertes sont lourdes :

5 officiers tués ;

9 officiers blessés ;

2 officiers disparus.

240 tués — 604 blessés — 172 disparus.

Le commandant KIESELÉ prend le commandement du 2ème bataillon en remplacement du commandant ZEIL.

Après la relève, le régiment va cantonner aux abris de Somme-Tourbe où il reste jusqu'au 8 mars.

Du 9 au 22 mars, il se reforme et se repose à Herpont, puis, du 22 au 30 mars à Possesse.

Le 25 mars, le régiment est passé en revue par le général JOFFRE qui félicite le lieutenant-colonel

BRION et le 51ème pour la prise de la cote 196. Il prononce ces paroles :

« Colonel BRION, je vous remercie du bien que vous avez fait au pays par votre brillante conduite.

Mes plus cordiales félicitations ! ».

Le 10 mai, le 51ème quitte son bivouac et vient embarquer à la gare de Villers-sur-Meuse. Le soir il débarque à Verdun et va cantonner à la caserne Marceau où il reste deux jours.

LES ÉPARGES - RAVIN DE SONVAUX

 

LES ÉPARGES

Le 13 mai, le régiment quitte la caserne Marceau et revient à la tranchée de Calonne. Les 14, 15 et 16 mai, il bivouaque aux environs du carrefour des Trois-Jurés et le 17 il relève le 128ème aux Éparges. Relevé le 25 mai par le 72ème, le 51ème vient cantonner aux abris de Fontaine-Robert et de Muronvaux.

Le 31 mai, le régiment quitte ses abris pour relever le 128ème sur la crête des Éparges. Il y reste jusqu'au 9 juin, organisant le secteur malgré les bombardements violents, quotidiens, par obus et bombes de gros calibres, en dépit de la chaleur et de l'odeur des cadavres mis à jour par les projectiles ennemis et les travaux.

Relevé le 9 juin au soir, le 51ème revient cantonner aux abris de Fontaine-Robert et de Muronvaux.

Pendant ces deux séjours, le régiment avait perdu :

1 officier blessé

29 tués — 147 blessés — 1 disparu.

RAVIN DE SONVAUX

Après un repos de cinq jours, le régiment va relever, le soir du 14, sur la croupe de Sonvaux, le 87ème régiment d'infanterie.

Dans le but d'appuyer une attaque qui doit s'effectuer à notre droite, le 20 juin, les 3ème et 9ème compagnies sortent de la tranchée de première ligne, progressent d'une centaine de mètres en avant du polygone et creusent une nouvelle tranchée. Le 26 juin, vers midi, après un bombardement extrêmement violent, l'infanterie allemande se rue sur nos positions. La nouvelle tranchée, complètement démolie, occupée encore par des survivants de la 11ème compagnie qui avait relevé le 3ème et 9ème, est prise. A gauche de cette nouvelle tranchée, une partie de la 4ème compagnie dont les tranchées sont bouleversées, se fait tuer sur place et le capitaine de PERETTI qui, bien que blessé, garde son commandement, peut tenir avec un peloton.

Dépassant les tranchées qu'il vient de prendre, l'ennemi se dirige vers le cimetière où il se heurte au peloton de réserve du bataillon HAYOT, qui l'arrête. Cette fraction, contre-attaquant aussitôt, repousse les Allemands, reprend une partie des tranchées perdues avec l'aide de quelques isolés de la 4ème compagnie, mais ne peut les chasser d'un élément de la tranchée nouvelle, long de 150 mètres, où ils se fortifient.

A 19 heures, une contre-attaque énergique menée par la 12ème compagnie, reprend environ 80 mètres de tranchée mais ne peut faire plus, malgré toute la bravoure dépensée.

Le 27, à 16 heures, une nouvelle contre-attaque faite par la 10ème compagnie ne réussit pas mieux, enfin, le 28, à 7 heures, une dernière tentative est faite par les 7ème et 8ème compagnies, qui s'élancent en avant en un superbe élan. Tous les chefs tombent, certains hommes sont tués sur le parapet même de l'ennemi, mais ces efforts sont vains et les grenadiers de la Garde ne cèdent pas.

Quelques jours après, cette tranchée, détruite préalablement par notre artillerie, était réoccupée par nos successeurs. Le 51ème, épuisé, avait été relevé dans la nuit du 28 au 29 juin, pour aller se reconstituer et se reposer à Glorieux et Regret.

Les pertes subies dans ces combats montrent quels ont été la violence de la lutte, le courage et l'abnégation du régiment.

2 officiers tués ;

7 officiers blessés ;

1 officier disparu .

83 tués — 364 blessés — 47 disparus.

Le 8 juillet, à 2 h.30, le 51ème quitte ses cantonnements et, dans la nuit du 8 au 9, reprend le secteur de Sonvaux. Il est relevé par le 87ème dans la nuit du 13 au 14 juillet et va cantonner au camp Romain.

Le 15 juillet, le régiment cantonne à Sommedieue. Le 17, alerté, il se rend aux Trois-Jurés, qu'il quitte le 20 pour venir au camp de la Béholle. Le 22, il va cantonner à Belleville.

MOUILLY - CHAMPAGNE

MOUILLY

Le 1er août, le 51ème va cantonner à Sommedieue et, le 2 août, il relève dans le secteur de Mouilly, des éléments du 6ème C. A.

Le régiment occupe ce secteur, devenu très calme, jusqu'au 26 septembre, creusant sans arrêt tranchées, boyaux, abris. Les bataillons se succèdent au repos à Ambly, chaque bataillon passant 6 jours en première ligne, 6 jours en deuxième ligne avant d'obtenir 6 jours de repos.

Le 9 août, le lieutenant-colonel BRION, rappelé à l'E.-M., quitte le régiment. Il est remplacé par le lieutenant-colonel CRUÈGHE. Le commandant BOESWILDWALD quitte aussi le régiment et le commandant BILLAUTET prend le commandement du 3ème bataillon.

Le 27 septembre, le 51e, relevé par le 147e, va cantonner à Sommedieue et le 28, il est embarqué en camions à Dugny. Du 8 juillet au 27 septembre, il avait perdu :

1 officier tué

1 officier blessé :

35 tués — 117 blessés — 1 disparu.

CHAMPAGNE

Débarqué à Somme-Tourbe le 28 septembre, le 51ème bivouaque et se porte, le 29, à Perthes-lès-Hurlus, près duquel il bivouaque à nouveau.

Le 30, il relève, face à la tranchée de la Vistule, les troupes qui, depuis le 25, avaient fourni des efforts fructueux et obtenu des succès brillants.

Du 30 au 19 octobre, le Régiment, soumis à des bombardements extrêmement violents, travaillant beaucoup, participant aux attaques de Tahure et de la Butte au N. de ce village, ravitaillé difficilement, souffrant surtout de la soif, a fourni un magnifique effort. Tous les ''poilus'' de cette époque se souviendront des heures pénibles passées devant la tranchée de la Vistule, la butte de Tahure, les Bois X-19, X-21, de la Savate, 154, du Paon et la Carrière. Mais au moment de la relève, le 20 octobre, chacun était fier de la tâche accomplie. Le 51ème avait, malheureusement à regretter la perte de :

4 officiers tués ;

9 officiers blessés ;

116 tués — 373 blessés — 24 disparus.

Relevé dans la nuit du 19 au 20 octobre par le 272ème, le Régiment va bivouaquer aux Hurlus et dans les tranchées et boyaux entre les Hurlus et le Bois des Caissons. Le 25, il est embarqué en camions pour Dampierre-sur-Moivre où il est de nouveau embarqué le 28 octobre pour venir cantonner à Lemmes et à Senoncourt.

HAUTS-DE-MEUSE 1915 – 1916

HAUTS-DE-MEUSE 1915 – 1916

Le 2 décembre, le 51ème vient occuper Génicourt, Rupt et les Trois-Jurés, et, les 9 et 10 décembre, il réoccupe les secteurs connus de la Tranchée de Calonne et de Sonvaux, où il va passer l'hiver

1915-1916.

Le terrain, bouleversé par les combats d'avril, mai, juin, juillet 1915, rend les travaux et lestembre, le 51ème, relevé par le 147ème, va cantonner à Sommedieue et le 28, il est embarqué en camions à Dugny. Du 8 juillet au 27 septembre, il avait perdu :

1 officier tué ;

1 officier blessé.

35 tués — 117 blessés — 1 disparu.

 

Les Bataillons vont au repos successivement à Dieue, Sommedieue, aux Trois-Jurés, à Amblonville, à Fontaine-Robert.

Le 24 février, le Régiment qui avait été relevé dans la nuit du 22 au 23 par le 128ème, est alerté et se met en marche, à 17 heures, dans la direction de Douaumont. A 23 h.30, il est arrêté au fort de Tavannes par un ordre de faire demi-tour et de reprendre ses emplacements aux Trois-Jurés et à Fontaine-Robert où il arrive le 25 à 7 heures.

Le 28 février, le 3ème bataillon (Commandant BARJOU, qui a remplacé le Commandant BILLAUTET, rappelé à l'E.-M.), effectue une contre-attaque sur le village de Manheulles dont les Allemands viennent de s'emparer. Après une marche d'approche très dure, la contre-attaque est prononcée de nuit. Se heurtant à des fils de fer intacts, accueillie par un feu extraordinairement intense de mitrailleuses, cette contre-attaque, non soutenue par notre artillerie, échoue en dépit de l'héroïsme prodigué et malgré son renouvellement à trois reprises successives. Elle nous occasionne des pertes sérieuses, particulièrement à la 12ème compagnie (Capitaine RAMPILLON) qui a ses quatre chefs de section hors de combat (Lieutenant THIBAUT, Sous-lieutenants STEINER, CHRÉTIEN, Aspirant CHARPENTIER).

Du 1er au 17 mars, le Régiment organise un nouveau front défensif entre Bonzée et Muronvaux. Il revient ensuite à la Tranchée de Calonne où il reste jusqu'au 17 juin, montant une garde vigilante, travaillant activement.

Le Commandant BARJOU, rappelé à l'E.-M. fin mars, est remplacé par le Commandant LEGAY.

Le Commandant LEGAY est évacué fin avril. Le Commandant DESCORMES prend le commandement du 3ème bataillon.

Les 18 et 19 juin, le 51ème est relevé et va cantonner à Amblonville, Génicourt et Ambly. Il est embarqué en camions à Ancemont le 23 juin pour être transporté à Aulnoy et Bazincourt.

Dans cette période de six mois, le Régiment a eu :

1 officier tué ;

8 officiers blessés ;

1 officier disparu.

45 tués — 244 blessés — 18 disparus.

SOMME

 

Le 28 juin, le Régiment est embarqué en chemin de fer à Nançois - Tronville. Il débarque le 29 juin à Saleux et vient cantonner à Pissy et Fluy où le repos se transforme bientôt en une période d'active préparation.

Le 12 juillet, le 51ème se dirige vers la Somme où vient de se déclencher la grande offensive Franco-Anglaise. Il cantonne successivement à Cottenchy et Sains-en-Amiénois le 12 ; au camp 61 le 13 ; au camp 59 le 17. Le Commandant HAYOT, évacué, est remplacé dans le commandement du 1er bataillon par le Commandant MAZIN.

Le 23 juillet, le Régiment bivouaque dans les anciennes premières lignes françaises de Dompierre et relève, le 26 juillet, le 272ème, dans le secteur compris entre Belloy et Barleux.

Du 26 juillet au 5 août, le 51ème fournit un travail très pénible dans ce secteur nouvellement conquis qu'il organise rapidement malgré la boue et le bombardement ininterrompu, se reposant en de courts séjours dans les tranchées de Dompierre, d'abord, à Chuignolles, ensuite.

Relevé dans la nuit du 15 au 16 août, le Régiment est transporté en camions à Bonvillers, Varmaise, Chepoix et Bacouel où il se repose, puis fait des exercices jusqu'au 25 août.

Le 26 août, il est embarqué à nouveau pour venir cantonner à Chuignolles et Chuignes. Le 7 septembre, il reprend le secteur de Belloy.

Le 8 septembre, à 6 heures, les Allemands attaquent le barrage du Boyau d'Horgny. Ils sont repoussés après un violent combat à la grenade qui dure jusqu'à 7 heures.

Le même jour, à 20 heures, la 10ème compagnie s'empare du Bois Saint-Éloi n° 1 et des boyaux l'ouest de ce bois. Le 10 septembre, l'ennemi attaque avec des liquides enflammés la tranchée de la 2ème compagnie (Capitaine de PERETTI) et s'en empare. Le capitaine de PERETTI contre-attaque aussitôt et reprend sa tranchée après un combat acharné où il est blessé. La tranchée reconquise contient 50 cadavres allemands.

Dans cette lutte, il faut citer spécialement le bel acte de courage et d'abnégation suivant :

Un ravitaillement des combattants en grenades étant devenu urgent, le clairon MÉTRAT Maurice, se présente comme volontaire. Pour aller plus vite, MÉTRAT refuse de prendre le boyau et se dirige tout droit, en rase campagne, sur le lieu du combat. Blessé mortellement pendant le trajet, ce brave, concentrant ses forces, porte quand même sa caisse de grenades à destination puis tombe, mort, à l'arrivée.

Le 12 septembre, l'ennemi attaque encore le barrage du boyau d'Horgny. Comme le 8, il est repoussé après, un violent combat à la grenade par la 6ème compagnie (Capitaine POTHUAU).

Le 15 septembre, le bataillon BUTAULT (2ème) exécute une brillante attaque sur la tranchée de Tahure qui a déjà résisté à trois assauts.

Les vagues sortent avec un entrain extraordinaire. Comme toujours, les officiers et les cadres sont en tête. Le clairon LEBLOND Louis, de la 5ème compagnie, entraîne ses camarades en criant : « En avant, en avant les copains, on les aura ! ». Le caporal SABOT Louis et le soldat LEVÊQUE Gaston, capturent une mitrailleuse ennemie en action après avoir tiré sur les servants à bout portant.

La tranchée est prise et les Allemands laissent entre nos mains 80 cadavres, 2 officiers, 56 hommes prisonniers, 2 mitrailleuses et 2 lance-bombes.

Fatigué par toutes ces épreuves subies sous un bombardement continuel, le Régiment est relevé dans la nuit du 16 au 17 septembre et vient cantonner au camp de Marly. Le 20, il se rend à Proyart que les 1er et 2ème bataillons quittent le 28 pour venir à Chuignes.

Le 5 octobre, le 51ème est mis à la disposition de la 121ème D. I. pour occuper et préparer un secteur d'attaque au S. et au S.-E. de Berny-en-Santerre.

Malgré une relève excessivement pénible, le travail commence aussitôt. Sans tirer un coup de fusil, à la pelle et à la pioche, malgré la violence des bombardements qui détruisent parfois en quelques minutes le travail de toute une nuit, le Régiment progresse de plus de 600 mètres et établit une parallèle de départ à bonne portée de l'ennemi.

Dans la nuit du 10 au 11 octobre, sa tâche terminée, le 51ème, relevé, va cantonner à Proyart, et le 11, il est emmené en camions à Thory et Mailly-Raineval.

Du 26 juillet au 11 octobre, le Régiment avait perdu :

4 officiers tués ;

10 officiers blessés ;

1 officier disparu.

137 tués — 519 blessés — 22 disparus.

Le 16 octobre, le 51ème est embarqué en camions et transporté à Warluis et Montreuil où il cantonne jusqu'au 1er novembre.

Le 2 novembre, le Régiment vient reprendre ses cantonnements de Thory et Mailly-Raineval, où il se prépare à la tâche qui lui est réservée dans la grande offensive projetée au sud de la Somme.

Le 24 novembre, le moment semble être venu. Par camions, le 51ème est transporté à Proyart, le Bois Commun et le Bois des Cuisines. Il relève le 272ème dans le secteur de Berny le 25 novembre ; mais le mauvais temps fait retarder l'attaque et, dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, le 51ème est relevé par le 165ème. Il vient cantonner à Proyart et au camp 57.

Le Commandant BUTAULT, rappelé dans l'infanterie coloniale, passe le commandement du 2ème bataillon au Commandant THOMAS.

Le mauvais temps continuant, les projets d'offensive sont abandonnés et le Régiment quitte la Somme, après avoir perdu dans ce dernier séjour :

1 officier blessé.

3 tués — 13 blessés — 1 disparu.

Il vient cantonner à Marcelcave, Thennes, Berteaucourt, le 26 décembre. Le 27 décembre, il est embarqué à la gare de Longueau et le 29 il débarque à Chaligny et Maron pour venir cantonner au camp de Bois-l'Evêque.

1917

 

Le Régiment, qui perfectionne son instruction par des exercices, des tirs et des manœuvres, reste au camp jusqu'au 23 janvier. Le 24, il vient cantonner à Ludres et à Messein ; le 25, à Champenoux, au camp de la Maison-Forestière et au camp de la Bouzule, pour effectuer des travaux sur la 2ème position. Ceux-ci sont poussés activement malgré une température de 18 à 25° au-dessous de zéro.

Le Commandant THOMAS est évacué. Il sera remplacé en mars par le Commandant HUBERT.

Le 28 février, le 51ème revient au camp de Bois-l'Évêque. Il y arrive le 1er mars, après avoir cantonné le 28 au soir à Tomblaine, Jarville et Essey. Le Régiment quitte le camp le 12 mars pour occuper Mont-le-Vignoble, Charmes-la-Côte et Gye, où l'instruction se poursuit. Les exercices y sont quotidiens et les manœuvres fréquentes.

Le 28 mars, le Régiment est embarqué en chemin de fer à Domgermain. Il débarque le 29 à Épernay et vient cantonner à Moussy, Monthelon, Chavot.

CHAMPAGNE

 

Une grande offensive se prépare. En raison de son entraînement, le 51ème est désigné pour faire partie de l'armée de poursuite.

Le 8 avril, il quitte ses cantonnements pour venir à Reuil-sur-Marne, Villers-sous-Châtillon, Venteuil et Tincourt. Le 10, il est à Jonquery et Baslieux. Le 12, il vient bivouaquer dans les bois au N.-O. de Faverolles.

Le 15 avril, le Lieutenant-Colonel CRUÈGHE, appelé à l'E.-M. de la VIIIe Armée, passe le commandement du Régiment au Lieutenant-Colonel NICOLAS. Ce même jour, le 51ème vient bivouaquer au sud de l'Aisne, dans le ravin de Beaugilet.

Le 16 avril, l'attaque générale est déclenchée. Le Régiment se met en marche à 6 heures pour se rapprocher des troupes d'attaque. Il franchit l'Aisne à 9 heures et se porte dans le bois de Beaumarais. L'attaque n'ayant pas réussi, le 51ème bivouaque d'abord dans le bois des Couleuvres, puis vient cantonner à Concevreux, où il arrive le 17 à 1 heure.

Le 18, il bivouaque à la ferme Montazin et à la ferme d'Irval, puis dans la nuit du 20 au 21 avril, il relève dans le secteur du Godat, des éléments des 44ème , 229ème et 363ème régiments d'infanterie, qui avaient légèrement progressé, les jours précédents, après une attaque très dure.

Le Régiment organise immédiatement les positions. Il est relevé dans la nuit du 25 au 26 avril et va cantonner aux Champignonnières d'Hermonville.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, le 51ème relève le 87ème dans le secteur de La Neuville, en vue de prononcer une attaque sur le Mont Spin. Le Régiment prend son dispositif d'attaque dans la nuit du 3 au 4 mai, malgré les tirs très violents de l'artillerie ennemie et le 4, à 6 h.50, les bataillons MAZIN (1er ) et DESCORMES (3ème ), suivis du bataillon HUBERT (2ème ), s'élancent a l'assaut.

Les vagues partent dans un ordre parfait et grimpent les pentes dénudées du Mont Spin, véritable glacis de la mort, avec un élan superbe, malgré l'ouragan de balles et d'obus qui s'abat sur elles.

Les fils de fer ennemis sont intacts. En dépit de l'héroïsme dépensé, seule la 1ère compagnie (Capitaine GAUCHER) parvient à les franchir et à s'emparer d'une partie de la tranchée ennemie (tranchée du Vampire). Les autres compagnies des 1er et 3ème bataillons sont obligées de se terrer dans les trous d'obus pour éviter la destruction. Le 2ème bataillon, qui avait suivi le mouvement, est obligé de descendre dans la parallèle de départ des premières vagues et de s'y abriter.

Les pertes sont lourdes. Les bataillons reçoivent l'ordre de se reconstituer, et dans la nuit du 5 au 6, les 1er et 3ème bataillons sont relevés par deux bataillons du 87ème qui doivent recommencer l'attaque.

Le 7 mai, ces deux bataillons du 87ème, suivis encore du bataillon HUBERT (2ème du 51ème), partent de nouveau à l'assaut. Cette fois, les fils de fer allemands sont en partie détruits et le 87ème, aidé en particulier par la 5ème compagnie du 51ème, réussit à prendre possession de la tranchée du Vampire. Le Commandant HUBERT, blessé, est remplacé par le Capitaine, puis Commandant RAMPILLON.

Dans la nuit du 12 au 13 mai, les 1er et 3ème bataillons relèvent les deux bataillons du 87ème, le bataillon RAMPILLON reste en ligne.

Par suite des attaques, les travaux du secteur sont complètement à refaire, les tranchées sont à moitié comblées, les boyaux n'existent plus, les passages sur le canal et le marais sont très endommagés.

Le Régiment, relevé par le 87ème dans la nuit du 16 au 17 mai, vient se reposer dans les champignonnières d'Hermonville. Il relève à nouveau le 87ème dans la nuit du 23 au 24 mai, puis quitte définitivement ce secteur dans la nuit du 27 au 28 mai après avoir perdu :

11 officiers tués ;

13 officiers blessés .

68 tués — 393 blessés — 175 disparus.

Après sa relève, le Régiment vient cantonner le 28 au soir à Bouvancourt et au camp de Péon, où il se repose quelques jours.

Le 1er juin, le 51ème fait mouvement par voie de terre. Il cantonne à Faverolles, Treslon, Savigny, le 1er au soir ; à Troissy, du 2 au 6 juin ; à Saint-Martin-les-Ablois, le 7 ; à Souliers, Gionges, Villers-aux-Bois, le 8 ; à Vertus et Trécon, du 9 au 10 ; à Bussy-l'Estrées, le 11 ; à Faux-sur-Cole et Vésigneul-sur-Cole, le 12 ; à Ablancourt et Soulanges, du 13 au 14 ; à Merlaut et Oulrepont, le 15 ; à Villers-le-Sec et Heiltz-le-Maurupt, le 16 ; à Laimont et Fontenoy, du 17 au 29 juin.

COTE 304 - 1918 -AVOCOURT – MALANCOURT -SOMME - CHAMPAGNE.

 

Enlevé en camions le 30 juin, le Régiment est transporté au camp des Clairs-Chênes. Les 4 et 5 juillet, il bivouaque au camp de Béthelainville, puis, le 6 juillet, il vient cantonner à Souhesmes et Vadelaincourt. Dès le 7, il se prépare avec ardeur à l'attaque qu'il doit prononcer le 17 sur le terrain redoutable de la cote 304.

Le 11 juillet, le lieutenant-colonel NICOLAS, évacué, est remplacé par le lieutenant-colonel TEILHAC.

Le commandant HUBERT, revenu au régiment après guérison, prend le commandement du 1er bataillon, en remplacement du commandant MAZIN, évacué en mai.

Prêt pour la grande tâche qui lui a été confiée, le 51ème est transporté en camions, le 14 au soir dans les bois de Béthelainville. Le 16, à 20 heures, les bataillons se portent sur leurs emplacements départ. Le mouvement très pénible en raison des difficultés du terrain n'est terminé que le 17, à 2 heures 30.

Quelques heures après, à 6 heures 15, les bataillons RAMPILLON (2ème ) et DESCORMES (3ème), sortant de la tranchée Bouchez et du boyau des Zouaves, s'élancent à l'assaut sous un violent tir de barrage. Le bataillon HUBERT vient remplacer les unités d'attaque comme garnison de tranchée.

La position ennemie, fouillis inextricable de tranchées et de boyaux bouleversés par notre artillerie, est abordée avec un entrain extraordinaire. Les hommes enjambent les chevaux de frise éventrés, les fils de fer projetés en tous sens dans les trous d'obus. Ils tombent et se relèvent dans les entonnoirs formidables, regagnent leur place et continuent l'ascension de la pente chaotique du Ravin de la mort.

L'objectif, les tranchées Grosclaude, Lescaux et la Demi-Lune, est rapidement atteint et la résistance ennemie, brisée. Dans leur ardeur, certains éléments poussent même au-delà vers Brocard et dans la tranchée Koenig.

Cette brillante action nous rend maîtres d'observatoires précieux et dégage la cote 304 à l'ouest.

Aussi, l'ennemi réagit furieusement avec son artillerie. Le terrain conquis est pilonné jour et nuit avec une extrême violence par obus de gros calibres.

Dans la nuit du 17 au 18, la compagnie de droite du bataillon RAMPILLON (6ème Cie, capitaine THOUARD), combat toute la nuit à la grenade et repousse trois contre-attaques.

Malgré la fatigue et le bombardement terrible, le terrain est organisé solidement. Aussi, après la relève, le Régiment pouvait-il être fier de son œuvre.

L'ennemi, qui a subi de lourdes pertes, laissait entre nos mains : 150 prisonniers, 6 mitrailleuses et 5 minenwerfers. Le Régiment perdait :

2 officiers tués ;

4 officiers blessés.

65 tués — 217 blessés — 58 disparus.

Ce brillant fait d'armes fait obtenir au Régiment une deuxième citation à l'ordre de l'Armée, et le droit au port de la fourragère, aux couleurs de la Croix de guerre.

Le motif de cette citation est le suivant :

« Régiment ardent dont la haute réputation s'est maintenue au cours de la campagne en de glorieuses occasions, notamment en 1915 à la tranchée de Calonne, en 1916 au cours de la campagne de Verdun, puis à la bataille de la Somme où il a conquis de haute lutte un système de tranchées des plus fort.

Le 17 juillet 1917, en Argonne, sous les ordres du lieutenant-colonel TEILHAC, a bondi de ses tranchées, atteignant d'un seul élan tous ses objectifs sur un front de 1.000 mètres. A maintenu toutes ses positions contre les retours offensifs sans céder la moindre parcelle de terrain, malgré une violente réaction d'artillerie. A capturé 150 prisonniers, 6 mitrailleuses et 5 minenwerfers. »

Relevé dans la nuit du 20 au 21 juillet, le 51ème bivouaque dans les bois de Béthelainville, où le général GUILLAUMAT, commandant la IIe Armée, vient le féliciter.

Le 21 au soir, le Régiment est embarqué en chemin de fer à Rampont et à Dombasle. Débarqué à Blesmes le 22, il cantonne à Orconte, Heilz-le-Hutier, Farémont, où il se reconstitue et se repose.

Passé en revue le 25 juillet, par le général PÉTAIN, commandant en chef, qui décore le ruban de la Croix de guerre du Drapeau de sa 2ème palme, le Régiment est ensuite embarqué en camions le 2 août, pour venir cantonner à Sorcy. Le 15 août, il occupe les cantonnements de Grimaucourt, Malaumont, Chauville, et le 18, il est transporté en camions à Passavant et Brizeaux.

Le 25 août, la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre, est remise au 51ème par le général BULOT, commandant la 6ème brigade.

Le 29 août, les bataillons HUBERT et RAMPILLON sont enlevés en camions et amenés dans les bois de Béthelainville, aux camps B et C. Ils y passent la nuit et, le 30, se portent en deuxième ligne dans le secteur de 304, pendant que le bataillon DESCORMES, transporté en camions, vient à son tour au camp B.

Le 1er septembre, le Régiment occupe les premières lignes à 304, où il relève le 272ème. La fameuse cote vient enfin d'être entièrement reconquise ; notre première ligne constituée par quelques trous d'obus organisés, borde le ruisseau de Forges. Tout est à faire. Le Régiment se met courageusement au travail, creuse tranchées, boyaux, abris, malgré les difficultés du terrain, la boue, les bombardements par obus explosifs et obus à gaz. Il monte en même temps une garde vigilante, repousse de nombreux coups de main sur les ouvrages de Lorraine, d'Alsace, et surtout de Palavas, et en exécute plusieurs avec succès.

Ce dur labeur est coupé de courts repos aux abris de 309, camps B et C, d'abord ; à Jubécourt, et au camp Pascal ensuite ; enfin à Rarécourt

 

 

1918

Dans la nuit du 23 au 24 janvier, après avoir repoussé vigoureusement un dernier coup de main ennemi sur Palavas, le Régiment est relevé par le 88ème. Il est embarqué le 25, à la gare de Rarécourt, débarque à Nançois-Tronville, et vient cantonner à Salmagne, Géry et Loisey.

Pendant ce pénible hiver, le Régiment avait perdu :

2 officiers blessés ;

1 officier intoxiqué.

40 tués — 162 blessés — 47 intoxiqués — 9 disparus.

AVOCOURT – MALANCOURT

Le 16 février, après 20 jours de repos, le 51ème est embarqué à la gare de Nançois-Tronville. Il débarque à Clermont-en-Argonne, et cantonne au camp des Pommiers et à Rarécourt. Le 19, il relève les 9ème et 18ème bataillons de chasseurs à pied en avant d'Avocourt et dans le bois de Malancourt.

Le secteur est agité, l'ennemi bombarde fréquemment par obus et par bombes, et exécute de nombreux coups de main que le 51ème comme de coutume, repousse brillamment.

Au moment du dégel, l'eau envahit les tranchées et les boyaux ; l'on est obligé d'y placer un fond de caillebotis montés sur pilotis. Les parapets s'éboulent, le terrain environnant, trous d'obus jointifs, est transformé en marécage. Mais le surcroît de travail imposé par la réfection des tranchées et des boyaux, ne diminue en rien la vigilance du guet.

Le 7 mars, les bataillons HUBERT et RAMPILLON viennent cantonner à Rarécourt pour préparer un coup de main qui doit être exécuté sur la Grande Parallèle, la tranchée Michelin et la tranchée des Cuisines, dans le but de faire des prisonniers et de détruire les organisations ennemies. Des indices annoncent une grande offensive allemande et le haut commandement a besoin de renseignements.

Tout à fait prêts, les bataillons HUBERT et RAMPILLON viennent prendre leurs emplacements de départ dans la nuit du 16 au 17 mars. Le 17, à 5 heures 45, ils sortent des tranchées avec un entrain remarquable et se portent sur leur objectif.

Le bataillon HUBERT, à droite, submerge rapidement la Grande Parallèle, réduit les tentatives de résistance de l'ennemi, atteint la tranchée des Cuisines, que certains groupes dépassent, fait des prisonniers, détruit des abris, et rentre rapidement dans la parallèle de départ.

A gauche, le bataillon RAMPILLON gagne facilement la tranchée Michelin. Au-delà de cette tranchée, il lui faut traverser un champ d'entonnoirs jointifs remplis d'eau et de boue pour atteindre son objectif ; il s'y engage résolument. En franchissant des fils de fer, de nombreux hommes tombent dans les trous d'obus. Il faut les en retirer pour les sauver de l'enlisement. La marche est sérieusement ralentie, le barrage roulant progresse plus vite que les compagnies, et, lorsque le bataillon arrive devant la tranchée des Cuisines, il est accueilli par le feu intense de l'ennemi qui a eu le temps de sortir de ses abris et de garnir les parapets.

Le combat s'engage. Chefs et soldats montrent, comme d'habitude, un courage héroïque ; l'objectif est atteint, des prisonniers sont faits. Mais le décrochage est dur, et les pertes sont sérieuses. En raison du résultat, quoique cruelles, elles ne sont cependant pas trop lourdes.

L'opération, malgré tout, a merveilleusement réussi. Les 60 prisonniers, ramenés par les deux bataillons appartiennent à des régiments de trois divisions différentes, ce qui permet au commandement d'obtenir des renseignements plus que précieux, indispensables. Une fois de plus, le 51ème venait de mettre sa valeur en relief.

Le soir du 17 mars, les bataillons HUBERT et RAMPILLON rentrent à Rarécourt pour se reposer. Le 26 mars, ils relèvent dans le même secteur un bataillon du 87ème, et le bataillon DESCORMES, qui, à son tour, vient cantonner à Rarécourt.

Pendant cette relève, le capitaine THOUARD, blessé d'un éclat d'obus à la cuisse, conserve son commandement (6ème Cie), et refuse de se faire évacuer.

Le 2 avril, le Régiment quitte définitivement ce secteur et vient cantonner à Rarécourt, Jubécourt et Auzéville.

Le lieutenant-colonel TEILHAC, évacué pour intoxication le 10 mars, revenu momentanément pour diriger le coup de main du 17 mars, reprend définitivement le commandement du Régiment.

Pendant tout son séjour dans les bois de Malancourt, le 51ème perdait :

6 officiers blessés ;

3 officiers intoxiqués ;

2 officiers disparus.

15 tués — 85 blessés — 40 disparus (1) — 33 intoxiqués.

 

Le 6 avril, le Régiment fait mouvement par voie de terre et cantonne le soir à Ippécourt, Lavoye, Wally ; le 7, à Érize, Chaumont-sur-Aire, Courcelles-sur-Aire ; le 8, à Salmagne, Géry, Loisey, où il séjourne jusqu'au 15 avril.

L'ennemi a commencé son suprême effort. Sa pression est redoutable. Le 51ème s'entraîne fiévreusement en vue des combats futurs. Les 15 et 16 avril, il est embarqué à la gare de Nançois-

Tronville, et le 17 avril, il débarque à la Chapelle-aux-Pots, pour venir cantonner à Pierrefitte et à Savignies, où il séjourne 4 jours.

SOMME.

Le 22 avril, le Régiment vient cantonner à Maulers, la Chaussée-du-Bois-l'Écu et Rougemaison.

Le 24, il cantonne à Essertaux et le Bosquel ; le 26, à Chaussoy, Épagny, et, dans la nuit du 27 au 28, occupe le secteur de Thory, secteur d'attaque en pleine organisation.

Les Allemands viennent d'être arrêtés ; les lignes adverses sont simplement jalonnées. Les travaux entrepris sont poursuivis activement ; tranchées, boyaux, abris, tout est à faire.

Le secteur est très agité, le bombardement continuel. Les bataillons prennent successivement un demi-repos au bivouac du ravin 77 d'abord, au cantonnement d'Henneville ensuite.

Concurremment avec les travaux, le Régiment fait des coups de main : en particulier, le 13 juin où le sous-lieutenant GIRARDON capture trois Allemands et une mitraillette ; le 11 juillet, où le lieutenant GILOTTE, les sous-lieutenants MORILLON et BEUVAIN, enlèvent en plein jour, sans autre aide, une sentinelle ennemie.

Après trois mois d'un labeur acharné, coupé par cette défensive active, le terrain est organisé solidement. Aussi le 51ème va bientôt passer à l'offensive.

Jusqu'alors il avait perdu :

2 officiers tués ;

1 officier blessé .

24 tués — 99 blessés — 35 intoxiqués — 1 disparu.

Dans la nuit du 22 au 23 juillet, le Régiment se masse dans les tranchées de première ligne pour effectuer une attaque profonde sur les positions ennemies, avec l'aide de tanks anglais, dans le but de rejeter les Allemands sur la rive Est de l'Avre.

Le 23, à 5 heures 30, les bataillons HUBERT et DESCORMES s'élancent à la suite du barrage roulant et des tanks. Le bataillon RAMPILLON suit la progression.

A 6 heures 15, les bataillons HUBERT et DESCORMES atteignent le premier objectif fixé après avoir réduit les nids de mitrailleuses des lisières de Sauvillers et des Trois-Boqueteaux.

A 7 heures 30, le bataillon RAMPILLON, dépassant les bataillons HUBERT et DESCORMES, attaque le plateau de Sauvillers dont il se rend maître rapidement avec l'aide des tanks, malgré la résistance furieuse de l'ennemi. A 9 heures 15, le 2ème objectif est atteint. Le sergent ELIÈS (5ème Cie) pousse plus en avant encore avec une patrouille, fouille le bois du Harpon, capture tout le personnel d'un poste d'observation d'artillerie et ramène 15 prisonniers ainsi que le matériel d'observation et de liaison.

Enfin, à 10 heures 30, le bataillon DESCORMES, dépassant le bataillon RAMPILLON, s'empare des pentes ouest de l'Avre, où il s'installe.

Le 23 juillet a été pour le 51ème, une journée heureuse. Malgré les nombreuses difficultés et la fatigue de trois mois de secteur, grâce au courage de tous, chefs et soldats, une page glorieuse est ajoutée au livre d'or du Régiment.

Six officiers allemands, près de 400 hommes sont faits prisonniers ; 34 mitrailleuses, 8 minenwerfer d'accompagnement, 4 fusils antitanks et un nombreux matériel tombent entre nos mains. En outre, de nombreux cadavres ennemis jonchent le terrain.

Nous perdions :

2 officiers tués ;

2 officiers blessés.

22 tués — 122 blessés — 11 disparus.

A la suite de cette brillante affaire, le 51ème est cité pour la troisième fois à l'ordre de l'Armée dans les termes suivants :

« Sous le commandement de son chef, le lieutenant-colonel TEILHAC, après trois mois de séjour dans un secteur, qu'il a dû complètement organiser, a enlevé de haute lutte des points d'appui fortement défendus sur une profondeur de plus de 3 kilomètres. Placé à l'aile marchante du dispositif d'attaque, a, grâce à la rapidité de sa progression, débordé constamment les lignes adverses, contribuant ainsi puissamment au succès de l'opération du 23 juillet 1918. A fait plus de 350 prisonniers, dont 6 officiers, pris plus de 25 mitrailleuses. »

Le terrain conquis est aussitôt organisé, et, le 26 juillet, à la suite d'une série de mouvements, le bataillon DESCORMES est en secteur à Aubvillers, le bataillon RAMPILLON, en soutien dans le bois des Arrachis et de Mongival, le bataillon HUBERT au repos à Épagny.

Le 30 juillet, le bataillon HUBERT vient en première ligne, le bataillon DESCORMES en soutien et le bataillon RAMPILLON à Épagny.

Le 3 août, le bataillon Hubert occupe la ferme Filescamp, évacuée par l'ennemi, et le 4, les bois de Filescamp et de la Hache.

Dans la nuit du 4 au 5, le bataillon RAMPILLON relève le bataillon HUBERT. Il s'établit en avant-postes, couvrant tout le front de la division, de Braches à la gare d'Hargicourt, et repousse même les derniers postes ennemis, pour installer ses petits postes en bordure de l'Avre.

Le 5 août, deux tentatives de passage de l'Avre échouent. La section du Sous-lieutenant ARBELETCHE (5ème compagnie) réussit bien à traverser la rivière à Braches, mais, à peine passée, elle est soumise à un tel feu de mitrailleuses que, pour éviter la destruction, elle est obligée de s'abriter dans des trous d'obus pleins d'eau et ne peut regagner nos lignes qu'à la nuit.

Une attaque en forces doit être faite ; elle aura lieu le 8 août.

Dans la nuit du 7 au 8, le Régiment prend son dispositif d'attaque. Le bataillon RAMPILLON doit forcer le passage de la rivière ; les bataillons HUBERT et DESCORMES le suivre au plus près, puis, la rivière franchie, le dépasser et former une tête de pont pour permettre le passage des autres régiments de la Division.

Pendant la nuit, malgré la vigilance de l'ennemi, grâce au concours courageux et tenace des pionniers du Régiment et des sapeurs du génie, quatre passerelles sont construites sur le marais et les deux bras de la rivière.

Le 8 août, à 8 h.20, les colonnes du bataillon RAMPILLON se précipitent sur les passerelles, franchissent la rivière malgré le tir des mitrailleuses et se déploient. Les hommes, avec un entrain admirable, escaladent les pentes de la rive Est, tuent ou capturent les défenseurs. Les compagnies atteignent leurs objectifs avec une rapidité surprenante. Grâce au courage de tous, le franchissement de la rivière s'est remarquablement accompli.

Les bataillons HUBERT et DESCORMES suivant de près le bataillon RAMPILLON franchissent l'Avre à leur tour sous un feu intense d'artillerie et de mitrailleuses.

Le bataillon HUBERT, après avoir dépassé le bataillon RAMPILION, fait le mouvement de conversion prévu pour se placer face à la lisière N.-O. du bois Saint-Hubert. Sur le plateau, les mitrailleuses font rage. La progression commencée par bonds se termine par infiltration. L'objectif est atteint et un canon enlevé dans le bois du Losange.

Le bataillon DESCORMES, après avoir franchi l'Avre, devait aller prolonger le 1er bataillon à gauche et se placer face au N.-O. Pour relier le Régiment à la 15ème Division d'Infanterie coloniale.

Mais la 15ème D. I. C. n'ayant pu franchir l'Avre, le bataillon DESCORMES doit s'arrêter au sommet des pentes, devant le feu des mitrailleuses qui le prennent de front, de flanc, et se terrer.

Le Régiment se stabilise sur ces positions. Ce n'est que le soir qu'il est dépassé par le 87ème et le 272ème.

Cette opération, une des plus difficiles : jeter une tête de pont de l'autre côté d'une rivière à bords marécageux, dont tous les passages sont détruits, a été rapidement et brillamment exécutée.

Avec son entrain accoutumé, le 51ème a mené l'attaque avec une sûreté étonnante, malgré la violence du feu des mitrailleuses et les réactions d'artillerie ennemies.

Lorsque, accrochés aux pentes E. de la rivière, les soldats du 51ème, jetant un regard en arrière, voyaient leurs camarades de la Division franchir, presque en sécurité, l'Avre à leur tour, ils pouvaient se dire avec satisfaction :

« C'est grâce à nous que vous pouvez passer ! »

Plus de 300 prisonniers, 1 canon, 4 minenwerfer, 39 mitrailleuses, sont tombés entre nos mains.

Nous perdions :

1 officier tué ;

8 officiers blessés .

42 tués — 200 blessés — 3 disparus.

Ce fait d'armes a été sanctionné par une citation à l'ordre du 9ème Corps d'Armée dans les termes suivants :

« Régiment d'élite, glorieux dans le passé, admirable d'entrain dans le présent. Sous le commandement du Lieutenant-Colonel TEILHAC, chargé le 8 août d'établir la tête de pont destinée à permettre aux autres éléments de la Division le franchissement d'une rivière dont tous les points de passage étaient énergiquement défendus par l'ennemi, a brillamment accompli sa mission malgré la violence des tirs de l'artillerie et des mitrailleuses. »

Le 11 août, le Régiment quitte les positions conquises et vient cantonner à Fransures, Rogy, Gouy-les-Groseillers. Le 12, il cantonne à Blancfossé et Cormeilles ; le 15, à Halloy, Thieuloy, Grez-le-Hamel et, le 30 août, il est embarqué en chemin de fer à Feuquières.

Le 1er septembre, le Régiment débarque à Vitry-le-François et Blesmes, et cantonne à Heiltz-l'Évêque, Bignicourt, Vavray.

CHAMPAGNE.

Dans la nuit du 15 au 16 septembre, le 51ème quitte ses cantonnements et vient stationner à Courtisols. Le 17, il bivouaque dans les bois au N.-O. de la Croix-en-Champagne. Le 24, le bivouac est transporté au N.-O. de Laval.

Une grande offensive est en préparation. Comme de coutume, le 51ème doit y prendre part.

Dans la nuit du 25 au 26, les bataillons prennent leurs emplacements de départ et le 26 septembre,

à 6 h.15, l'attaque est déclenchée. Le Régiment, bataillons HUBERT et DESCORMES en tête, bataillon RAMPILLON en soutien, doit suivre la progression des autres régiments de la Division, puis exploiter le succès.

Le 26, à 18 heures, le 51ème franchit la Dormoise entre Tahure et Ripont et, dans la nuit du 26 au 27, le bataillon HUBERT relève à droite le bataillon de tête du 272ème ; le bataillon DESCORMES relève à gauche le bataillon de tête du 87ème ; le bataillon RAMPILLON se place derrière eux en soutien.

Le 27 septembre, à 6 heures, l'attaque générale est reprise. Cette fois, le 51ème est en tête de la Division. Il va mener le combat sans l'appui de l'artillerie, retardée dans la zone des entonnoirs au sud de la Dormoise et qui n'a pu le suivre.

Les bataillons HUBERT et DESCORMES réussissent à progresser malgré la résistance opiniâtre de l'ennemi. Ils s'emparent du bois X-33, du bois de la Tourterelle, du grand camp de Paderbornn, grâce surtout à l'action audacieuse du Capitaine LARROUX et de la 10ème compagnie, et atteignent le sommet de la cote 180 au S. de Manre.

Le Régiment se trouvant en flèche reçoit l'ordre d'attendre que les divisions voisines aient progressé. Dans la nuit du 27 au 28, la 9ème compagnie (Capitaine CAPELLE) fait une reconnaissance sur la gare de Manre qui est trouvée solidement tenue par l'ennemi.

Le 28, à 6 h.15, le mouvement en avant est repris.

A gauche, le bataillon DESCORMES réussit à s'emparer de Manre. A droite, malgré toute sa bravoure, le bataillon HUBERT, arrêté par le feu intense des mitrailleuses et un barrage d'artillerie extrêmement violent, ne réussit pas à dépasser la cote 180.

Le bataillon DESCORMES, découvert sur son flanc droit, est dans une situation critique. Le bataillon RAMPILLON reçoit alors l'ordre de dépasser le bataillon HUBERT, coûte que coûte, pour dégager le bataillon DESCORMES menacé d'encerclement.

A 10 h.45, le bataillon RAMPILLON dépasse les compagnies de tête du bataillon HUBERT. Dès le débouché de la crête de la cote 180, il est accueilli par un feu terrible d'artillerie et de mitrailleuses. Le danger couru par les camarades du 3ème bataillon exalte tous les cœurs. La progression s'effectue quand même ; les terribles pentes sont dépassées, le ravin sud-est de Manre atteint, deux fortins sous béton pris de haute lutte et l'attaque est entamée sur la crête suivante. Mais les pertes sont lourdes, les cadres sont particulièrement éprouvés et, malgré tous les prodiges réalisés, il est impossible d'aller plus loin.

Le but est cependant atteint. Le bataillon DESCORMES est sauvé : cette puissante diversion a détourné le péril qui allait fondre sur lui.

Dépassé le 29 au matin par le 147ème , le Régiment vient se reformer sur les rives de la Dormoise où il bivouaque dans les anciens abris allemands.

Dans ces journées glorieuses, le 51ème s'est emparé de 35 canons, 50 mitrailleuses, 290 prisonniers, d'un grand nombre de munitions d'artillerie de tous calibres et d'un immense matériel dans le camp de Paderborn.

Il perdait :

4 officiers tués ;

15 officiers blessés.

 

Ces brillants faits d'armes font obtenir au Régiment une quatrième citation à l'ordre de l'Armée et le droit au port de la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Cette citation est conçue dans les termes suivants :

« Régiment ardent et manœuvrier. Sous la conduite du Lieutenant-Colonel TEILHAC, après avoir, le 8 août, exécuté de vive force, en plein jour, sous le feu de l'ennemi, un passage de rivière difficile et âprement disputé, a abordé les 27 et 28 septembre 1918 avec entrain et habileté, des positions successives défendues par un système puissant de feux de mitrailleuses énergiquement servies, abritées sous casemates et non soumises à la préparation de l'artillerie. Y a fait plus de 300 prisonniers et capturé 35 canons, 50 mitrailleuses, des munitions et un matériel considérables. »

Le 3 octobre, le Régiment quitte ses emplacements pour bivouaquer aux environs de Manre. Réserve de Division, il est prêt à intervenir en cas d'avance des deux autres régiments.

Le 9 octobre, il s'intercale en première ligne, entre le 272ème, à droite, et le 87ème, à gauche.

Le 10, l'ennemi évacue lentement ses positions. La poursuite commence.

Le 51ème s'empare successivement de Liry, de Mont-Saint-Martin, de Bourcq, de Mars-sous- Bourcq et vient border l'Aisne, au N. de Vouziers, le 13 octobre, à 13 h.30.

Pendant ces trois journées de combat, le Régiment, qui abordait de front la défense de plateaux successifs, complètement battus par les mitrailleuses de l'adversaire, dont l'artillerie tenait sous son feu les ravins, surmonta bien des difficultés en dépit de la fatigue et progressa de 16 kilomètres.

Grâce à ses qualités manœuvrières, il ne perdit, pour obtenir un tel résultat, que 9 tués, 52 blessés, 3 disparus.

Relevé le 13 octobre, le Régiment cantonne successivement aux abris de Manre, le 14 ; à Saint- Jean-sur-Tourbe et Laval, le 15 ; à Herpont et Herpine, le 16 ; à Bussy-le-Repos et Vanault-le-Châtel, le 17 ; à Vitry-en-Perthois et Marolles, le 18 ; à Lignon et Brandonvillers les 19, 20 et 21.

Enlevé en camions, le 22 octobre, le 51ème débarque le 23 soir et cantonne à Azerailles, Glonville et Magnières.

Les 26 et 27 octobre, il relève le 75ème dans le secteur d'Herbéviller avec cantonnements à Hablainville, Reclonville et Pettonville. Secteur calme entre tous, d'un calme jusqu'alors inconnu aux braves du 51ème.

Le 10 novembre, le Régiment, relevé par le 356ème, vient se mettre en place, dans la forêt de Parroy pour une grande attaque projetée. Le 11 au matin, le cœur épanoui de fierté, l'âme heureuse d'avoir été capable de satisfaire aux efforts, à l'abnégation, qu'exigeaient le salut et la gloire de la France, il apprenait avec une joie virile la triomphante nouvelle de l'armistice.

 

 

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Date de dernière mise à jour : 06/02/2016

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