Les Guerres du XVème au XVIIème Siècle

Forteresse de Domart-en-Ponthieu en 1422

Comment les François achelèrent et prirent la forteresse de Dommart en Ponthieu et plusieurs autres matières en 1422
Le vingtième jour de mars de ce présent an, les François échelèrent et prirent la forteresse de Dommart en Ponthieu 
dedans laquelle étoit Le Borgne de Fosseux, chevalier, et Jacques de Craon son beau-fils, lesquels se sauvèrent à petite compagnie secrètement par une poterne quand ils ouïrent l'effroi. Et messire Simon de Boulenviller, Jean de Douceurie, et plusieurs autres étant audit chatel, furent détenus prisonniers avec la lemme dudit de Fosseux. Et généralement tous les biens d'icelui furent pris ravis et butinés desquels biens y avoit grande abondance, tant de ladite ville de Dommart comme du pays. Et bref ensuivant, le seigneur de Crotoy, atout trois ou quatre cents combattants, s'en alla loger en une forteresse appartenant à l'évêque d'Amiens nommée Pernois, séant à une lieue auprès dudit Dommart, pour là tenir frontière, et garder ledit pays contre lesdits François. Et après aucuns jours ensuivant, fut un traité fait avec iceux François par condition qu'ils rendroient ladite forteresse et s’en retourneroient au Crotoy atout leur gagnage, et étoit le cher d'iceux un nommé Dandonnet. 
Sources : Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet
 

Le Mémorial d'un Bourgeois de Domart

Nous rappellerons seulement que l'auteur de ce curieux manuscrit,Jacques de Boibergues, devait être un bourgeois de Domart. Après sa mort, son manuscrit dut passer à Jacques Boibergues, maître taillandier à Domart en 1714; il appartint ensuite à la fille de ce dernier,
Jeanne Boibergues, et, plus tard, il quittait le pays, puisqu'un maréchal-ferrant de Saint-Riquier en était possesseur dans les premières années de notre siècle ; enfin, c'est à un cultivateur de Domqueur que nous en avons fait l'acquisition en 1884.
Ce naïf chroniqueur écrivait le français comme on le parlait alors dans les bourgs de la Picardie. La ponctuation est absente ou défectueuse ; l'orthographe est tout à fait fantaisiste ; les répétitions, qui sont fréquentes, rendent la lecture très pénible. Nous
avons dû élaguer toutes les longueurs, supprimer les redondances et essayer de donner à ce journal la clarté qu'il n'a point. Toutefois, nous avons conservé dans la plupart des cas la tournure des phrases pour lui laisser le cachet de l'époque.
Ce mémorial est d'un très grand intérêt pour l'histoire militaire de la fin du règne de Louis XIII et pour le commencement du règne de Louis XIV.
L'auteur notait non seulement les événements dont il était le témoin, mais aussi tous ceux qui avaient lieu sur les différents points des territoires français et même étrangers; batailles, sièges de villes, escarmouches, mouvements de troupes, dévastations, pillages, rien n'est omis, tout a été relevé avec autant d'exactitude qu'on pouvait le faire alors au milieu
d'une époque si troublée….
 
Source: 

LE MEMORIAL D'UN BOURGEOIS DE DOMART
Sur les guerres de Louis XIII et de Louis XIV
( 1634- 1655)
Mis en ordre, annoté et publié par
ALGIUS LEDIEU
Conservateur de la Bibliothèque communale d'Abbeville,
Correspondant honoraire du ministère de l'Instruction publique.

Le journal d'un bourgeois de Domart

Les Guerres sous Louis XIII et Louis XIV

 

1639

 

Les troupes qui avaient hiverné en France en plusieurs endroits s’assemblèrent vers la mi-mars dans les villages situés au-delà de la rivière de Somme, où elles causèrent le plus affreux désordre, lequel ne se peut honnêtement réciter ; les soldats pillèrent, violèrent femmes et filles et démontèrent les moulins à blé ; bref, ils firent tout ce qui peut s’imaginer do plus mal.
Les troupes qui se trouvaient dans le Vimeu et une partie des gens de Gassion qui étaient en garnison à Abbeville quittèrent leurs quartiers le 4 mai pour se rendre à Domart, où était le rendez-vous général. Le même jour, d’autres troupes passaient à Pont- Remy et arrivaient à Domart à trois heures de l’après- midi. M. de Gassion, qui était arrivé à Domart dans un carrosse tiré par six chevaux blancs, donna l'ordre à la cavalerie d’aller loger le jour même à Berteaucourt, à Berneuil, à Saint-Ouen, à Bettencourt , à Saint-Léger et à Haloy . Plusieurs régiments d’infanterie furent campés au pré Grévin, à Domart ; quatre d’entre eux, commandés par M. de Lambert, reçurent l’ordre de se rendre à Franqueville, où M. de Lambert se fit conduire dans un carrosse à six chevaux ; ces derniers restèrent pendant sept jours à Franqueville, où ils causèrent les plus grands dégâts : ils se livrèrent au pillage et démolirent les maisons, les granges et les étables. A Houdencourt5, ils démon¬tèrent la maison de M. de Boispronier. A Saint-Ouen et à Bettencourt, il y avait au moins sept mille hommes de pied et de chevaux ; ils scièrent les blés ou les firent paître, et démolirent les maisons. Des dégâts semblables furent commis dans les autres villages. Le régiment de fusiliers du Dauphin était logé à Berneuil ; c’étaient tous gens de bonne mine, qui portaient des fusils d'une longueur de six pieds.

 …Vignacourt et Flixecourt n'eurent aucun soldat à loger, aussi les femmes des villages occupés s'y réfugièrent-elles en grand nombre ; on y conduisit aussi tous les bestiaux. Le même jour, c'est-à-dire le 4 mai, l'armée de M. de la Meilleraye passa par Amiens et campa à Naours et à Talmas, il y avait douze pièces de batterie et six pièces de campagne.

 Le dimanche 8 mai, M. le Grand maître vint à Domart avec bon train pour voir M. de Gassion ; M. de Lambert vint tout exprès de son quartier de Franqueville pour recevoir M. le Grand maître. Arrivé au pont, M. le Grand maître descendit de cheval, baisa la botte et salua MM. de Lambert et de Gassion ; il y avait là plusieurs capitaines et officiers qui se tenaient

 Tête nue. Ils se rendirent tous à Saint-Nicolas, où était logé M. de Gassion. Après le dîner, M. le Grand maître retourna à son quartier. MM. de Lambert et de Gassion et un grand nombre d'officiers l'accompagnèrent jusqu'à la montagne du pré Jean Lebel, à mi-chemin de Saint-Léger. M. de Gassion était monté sur un cheval fougueux qui, en se cabrant, renversa son cavalier ; plusieurs officiers le relevèrent vivement. de Gassion avait fait rester à Domart de huit à dix mille hommes tant de pied que de chevaux. La cavalerie fut logée à l'intérieur du bourg ; quant à l'infanterie, une partie campa vers la cense de la Prée et l'autre partie vers Saint-Ladre ; pour se mettre à couvert, les fantassins établirent des huttes.

 

Il n'y avait aucune maison dans le bourg qui n'eût moins de sept à huit chevaux ; il y en avait jusqu'à vingt dans les maisons les plus importantes. Il y eut bientôt deux pieds de fumier répandant une odeur infecte ; cette puanteur provenait de ce que les chevaux étaient nourris avec du blé que l’on sciait vert. Deux cents charrettes de vivres et de munitions arrivèrent aussi à Domart ; elles furent rangées clans trois jardins en face de la maison de Jean Foubert ; le plus bel ordre présida au rangement de ces charrettes, qui furent disposées en forme de limaçon, aussi n'y eut-il aucune confusion au départ.

 

….

 

Le maréchal de Châtillon ayant fait lever le siège de Mouzon, son avant-garde de cavalerie reçut l'ordre de se rendre à Hesdin ; elle passa par Pont-Remy et arriva à Domart le vendredi 30 juin ; les habitants ayant été avertis de leur arrivée se réfugièrent en toute hâte dans le château avec leurs bestiaux, mais les soldats n'essayèrent point d'y pénétrer. Lorsque leurs logements furent pris, c'est-à-dire vers deux heures de l'après-midi, ces cavaliers allèrent faucher les blés et surtout les lentilles ; ils causèrent ainsi les plus grands dégâts dans les champs. La ruine fut encore plus grande pour les maisons ; lorsqu'ils ne trouvaient point de paille, ils enlevaient le chaume des toits et démolissaient les murs intérieurs et les cloisons des habitations pour y loger leurs chevaux plus à l'aise. Il leur avait été interdit de molester les paysans ; malgré cet ordre, plusieurs habitants de Domart furent frappés.
 

 Le lendemain samedi 1er juillet, ils décampèrent à dix heures du matin et prirent le chemin de Gorenflos; le bagage filait le long du chemin escorté de quelques cavaliers. Quant au gros de la cavalerie, qui marchait par escadrons serrés et en ordre de bataille, il prit le chemin du Chéchez et passa par Franqueville. Des coureurs éclairaient la marche de ces troupes, mais c'était pitié de voir ces coureurs ou pour mieux dire ces voleurs qui pillaient les habitants…

Le lundi 3 octobre elle quitta l'abbaye de Cercamp et vint camper près de Doullens, en deçà de la rivière. Avant le décampement, M. le maréchal de la Meilleraye fit faire un ban par lequel il était défendu sur peine de la vie d'empêcher le labeur et le commerce des paysans, de forcer ni piller les forts, de ne maltraiter, ni offenser, ni violer les femmes et les filles.

 

L'armée quitta les environs de Doullens le mardi 4 octobre et vint camper à Domart le jour de notre franc-marché ; elle arriva à trois heures de l'après- midi ; il y avait deux régiments d'infanterie et deux cornettes de cavalerie de M. de Gassion, savoir : le régiment d'Épagny et le régiment de Langeron ; il n'y avait pas cinq cents hommes dans ces deux régiments.

 

Le quartier du Roi était campé à Flesselles, où se trouvait M. le maréchal de la Meilleraye. Il y avait aussi de la cavalerie à Halloy, à la ferme du Waignas, à Berteaucourt ; ils pillèrent l'abbaye de ce lieu. Vingt-quatre autres villages furent livrés au pillage: Saint-Léger, Domart, Fransu, Brucamp, Villers, Ailly, Bettencourt, Ville - Saint – Ouen,Saint-Ouen, Naours, Talmas, Halloy, Berteaucourt, Mouflers , Vauchelles , Long, Cocquerel, Alliel ,Famechon , Ergnies  , etc.
 

 Le 14 octobre, le quartier d'Ailly, qui se composait de huit cents hommes d'infanterie, décampa pour aller loger à Pernois, où il n'y avait pas de soldats à cause de M. d'Amiens.

La perte et le désastre que nous causaient les gens de guerre nous étaient si onéreux que nous souhaitions leur décampement et aspirions à la liberté ; nos maisons, nos granges et nos étables étaient abattues ; les blés et les avoines étaient à leur merci. Quand nous apprîmes qu'ils demandaient des guides le 14 octobre au soir, nous On dit que M. de Gassion, qui avait sous ses ordres dix-huit compagnies de chevau-légers, recevait du roi quatre cent mille livres pour sa garnison d'hiver ; on ajoute qu'il supplia Sa Majesté de lui donner pour garnison les villages situés près de la frontière, qui ne paient point de tailles, et qu'au lieu de quatre cent mille livres il se contenterait de trois cent mille livres.

 Sur cette demande, le conseil trouva qu'il était très nécessaire de bien border la frontière.

 Cinquante hommes de la compagnie du capitaine de la Vilette, des chevau-légers de M. de Gassion, étaient en garnison à Brucamp ; pour se mettre plus au large, vingt-six d'entre eux furent envoyés à Halloy, village appartenant à M. l'évêque d'Amiens ; ils y restèrent pendant dix-huit jours. Les habitants, ruinés par la garnison, allèrent se plaindre à l'évêque qui se rendit immédiatement en carrosse à Paris, et obtint du roi un blanc- seing pour faire déloger la garnison d'Halloy ; mais il fallait que ce blanc-seing fût rempli par M. de Chaulnes ', gouverneur de Picardie ; comme il se trouvait alors à Paris, M. de Bellejamme », intendant du roi en Picardie, remplit ce blanc-seing pour Domart, qu'il voyait dépourvu de garnison et qu'il considérait comme un lieu convenable pour y recevoir de la cavalerie ; il céda aux instantes prières de l'évêque, qui voulait à tout prix décharger son village de Halloy.

 M. de Bellejamme ignorait que M. de Chaulnes nous avait promis de ne pas nous envoyer de garnison, parce que nous avions trop souffert du passage des armées. Aussitôt que nous fûmes avertis que les gassions allaient arriver à Domart pour y prendre garnison, nous transportâmes nos meubles dans le château, ce qui dura toute la nuit, car il faisait un très mauvais temps. Le 23 décembre, vers midi, notre guet aperçut les gassions sur le chemin de Pernois ; on sonna le tocsin et on porta le reste des meubles dans le château, où tous les habitants vinrent se loger avec leurs bestiaux.

 

 

 

1640

9 avril. Les soldats en garnison à Amiens, Abbeville, Corbie, Péronne et dans d’autres villes quittent les quartiers malgré le mauvais temps. La pluie, la neige, le vent rendirent la marche de l’armée fort difficile jusqu’à ta mi-mai.

8 mai. L’armée quitte la Picardie et entre dans le Luxembourg. Personne en Picardie et en Artois ne connaît l’intention des chefs de cette armée.

28 mai. Cinquante-deux charrettes chargées de pain et de bis­cuit sont envoyées d'Amiens à Doullens.

4   juin. Arrivée du quartier du roi à Domart. Passage dans ce bourg de quarante charrettes chargées chacune de six tonneaux de poudre, de six fauconneaux, de cinq grosses pièces de batte­rie tirées chacune par dix-huit ou dix-neuf chevaux, de quarante charrettes chargées de boulets, de vingt charrettes chargées de mèches, de quatre charrettes chargées d’habits militaires, de quatre charrettes chargées de lits de camp, de quatre charrettes chargées de tables et d'escabeau ; puis M. de la Ferté fait son entrée, suivi d’un carrosse où sont quatre jésuites, et de trois cordeliers montés à cheval ; six mulets chargés de bagages se rendent au logis du maréchal de Châtillon et cinq autres mulets au logis du duc de Chaulnes ; ces deux officiers font ensuite leur entrée dans Domart.

5 juin. Les soldats quittent Domart et passent par Ribeaucourt, Domléger, Maison-Ponthieu et Gueschard.

18 juin. Arrivée du roi à Corbie.

19  juin. Huit cents charrettes chargées de vivres sont envoyées de Doullens, d’Amiens et d’Abbeville au camp de l’armée fran­çaise devant Arras.

21 juin. Arrivée du roi à Amiens, il loge à l’hôtel du duc de Chaulnes.

21-27 juin. Passage à Domart de nombreuses charrettes char­gées de munitions de guerre.

ler juillet. Passage à Domart de deux cents chars et charrettes chargés de vivres.

2 juillet. Passage au même lieu de trois cent quarante-deux charrettes chargées de vivres et de munitions de guerre.

8 juillet. Un convoi de trois mille charrettes quitte Doullens et prend le chemin d'Arras.

5 juillet. Arrivée du duc d’Orléans à Amiens.

17 juillet. Perte d’un convoi de quatre cents charrettes chargées de vivres, et défaite des 800 cavaliers et des 600 fantassins qui l’escortaient sous le commandement de M. d’Hocquincourt, gou­verneur de Péronne ; la cavalerie lâcha pied et l’infanterie fut massacrée.

Le même jour, les régiments de Bellefonds et de la Feuillade arrivent à Domart ; six compagnies de la garnison du Havre lo­gent à Brucamps,

22 juillet. Saint-Preuil, gouverneur de Doullens, conduit un convoi de quatre cents charrettes au camp des assiégeant* devant Arras.

23         juillet. Arrivée à Amiens de M. de la Ferté-Imbault avec 3,000 hommes de troupe ; Louis XIII désigne les quartiers.

24        juillet. Arrivée à Pernois de 2,000 hommes d’infanterie et de cavalerie commandés par le prince de Richemont,

22 juillet. Ces soldats vont camper à Saint-Léger; ils fauchent les blés quoiqu’ils ne soient pas encore mûrs.

1er août. Arrivée de M. du Hallier à Amiens avec son camp vo­lant, composé de 18,000 hommes. Il avait été rappelé de la Lor­raine pour escorter les convois que l’on devait envoyer à l’armée française au siège d’Arras, où un pain de munition valait trois livres et un pot de vin, dix livres ; la viande y était si rare que les soldats faisaient leur potage avec du suif de chandelle ; la chair du cheval et celle de l’âne remplaçaient celle du bœuf et du mouton.

1? août. Après la réduction d’Arras, l’armée de du Hallier vient loger à Domart, Lanches, Saint-Hilaire, Saint-Léger, Fransu, Plouy, Domqueur, Villers-sous-Ailly, Bouchon, Long et Berteaucourt ; les soldats fauchent les blés, et, après avoir battu le grain, vont le vendre dans les villages voisins.

30   août. Louis XIII quitte Amiens pour se rendre à Paris.

31     août. Du Hallier lève son camp établi à Domart et aux en­virons.

27     septembre. Feux de joie à Amiens pour l’accouchement de la reine.

28     septembre. Feux de joie dans la même ville pour la prise de Turin.

25 novembre. Logement du régiment de Nettancourt à Do­mart.

1641

15 février. Arrivée du duc de Longueville à Abbeville.

Le 1er mars : un prêtre, qui était maître d’école à Paris, fut brûlé vif et ses cendres jetées au vent parce qu’il avait abusé journellement de trois de ses écolières, car il recevait plusieurs filles à son école; elles étaient âgées l’une de neuf ans, l’autre de dix ans et la troisième de onze ans, A la suite de cette exécution, le roi fit publier dans toutes les villes de France que désormais les filles seraient envoyées à l’école des femmes et les garçons à l’école des hommes.
Cette publication fut faite à Amiens et à Abbeville le 2 mars.

 

9 avril. Attentat sur la Tille de Péronne.

2 mai. Arrivée de la Meilleraye à Amiens.

5 mai, Vingt-six pièces de canon arrivent à Amiens.

9 mai. : Jour de l’Ascension, arriva à Domart le régiment de Valmont, qui était avant à M. de la Blotquerie. Ce régiment entra à deux heures de l’après-midi; il venait par le chemin de Saint-Ouen et avait passé le matin par Picquigny. On ne fut pas surpris de l’arrivée de ces soldats; on les attendait depuis qu'un fourrier et un maréchal des logis étaient venusmarquer les logements; il y avait avec eux un grand nombre de fantassins qui fouillaient les maisons abandonnées; une heure après, le bagage arriva le gros du régiment suivait; en moins d’une heure, tout le monde fut logé. Les soldats montèrent ensuite sur les toits des maisons et en enlevèrent tout le chaume pour pouvoir se coucher; ensuite, ils démolirent les granges, les étables et les maisons. On dit que les officiers le leurcommandaient.  "Abattez chacun vos logis", leur disaient-il; c’est ce qu’ils firent avec fureur et rage durant quatre jours ; toutes les maisons de Domart furent démolies. « Nous brûlerons tout le bourg à petit feu" s’écriaient-ils, et ils allumaient du feu sans nécessité dans tous les foyers; en certaines maisons, ils faisaient cinq ou six feux pour consumer plus tôt tout leur bois.

12 mai. Arrivée à Domart de cinq compagnies de chevaux Légers du régiment de Gassion ; le reste du régiment loge à Franqueville et à Saint-Léger,

15 mai. La Meilleraye  arrive à Doullens.

30 mai. Louis XIÎI et Richelieu arrivent à Abbeville ; le roi, venant d’Aumale, où il avait couché, entre par la porte d’Hocquet ; il descend chez M. de Valines, près du quai.

1-8 juin. Nombreux passages de troupes à Abbeville. Le roi, souffrant de la goutte, ne peut quitter sa chambre.

Flesselles, où se trouve le quartier du roi, Gassion loge à Gapennes, et le marquis de Douglas, à Domart.

18 juin. Le comte de Grancey, mandé pour le siège d’Aire, ar­rive au Pont-de-Metz avec 10,000 hommes ; il reçoit ensuite l’ordre de demeurer aux environs d’Amiens, puis il est envoyé à Sedan, où il arrive trop tard, ayant mis quinze jours à faire le chemin.

Pendant leur séjour au Pont-de-Metz, à Salouel et à Bacouel, ses soldats commirent les plus grands dégâts.

25 jnin. Le roi se rend d’Abbeville à la ville d’Eu, où il avait envoyé ses chiens de chasse et ses oiseaux le 17 juin. Cette ville appartenait au cardinal de Guise, retiré à Sedan avec les mécon­tents. Louis XIII change les principaux officiers et le gouverneur d’Eu.

27 juin. Les troupes du comte de Grancey quittent le Pont-de- Metz et passent par Corbie. Le même jour, le roi arrive à Amiens.

29 juin. Le roi arrive à Corbie.

8 juillet. Louis XIII se rend à Péronne.

21 juillet. Le corps du marquis de Coislin traverse Flixecourt ; il venait d’Abbeville où un service solennel lui fut fait dans l’é­glise des Minimes de cette ville.

18 août. Arrivée du roi à Amiens ; il venait de Chaulnes.

10 septembre. Louis XIII quitte Amiens et se rend à Péronne en passant par Corbie.

27 septembre. Le roi arrive à Amiens ; il en repart le 4 octo­bre pour aller à Picquigny, où il reste jusqu’au 10 ; il se rend alors à Corbie en passant par Amiens, mais sans s’y ar­rêter.

25 octobre. L’armée française quitte l'Artois et vient prendre ses quartiers d’hiver en Picardie, La Ferté-Senneterre loge à Flesselles, où se trouve le quartier du roi, Gassion loge à Gapennes, et le marquis de Douglas, à Domart.

9 novembre. Exécution de Saint-Preuil à Amiens.

1642

Avril. Passages de troupes françaises par Amiens, Picquigny, Pont-Remy et Abbeville ; elles se rendent à Péronne pour entrer en Artois.

19 mai. Les soldats de la garnison espagnole d’Hesdin vont faire des réquisitions à Buigny, Domqueur, le Plouy et Neuf- moulin.

27         mai. L'armée française quitte le Boulonnais et vient camper à Dompierre.

28        mai. L’armée française quitte Dompierre pour venir camper à Saint-Riquier.

30 mai. L’armée vient camper à Domart,

2 juin. Les Espagnols veulent traverser la Somme à Bray, mais 15,000 paysans bien armés s’opposent à leur passage.

28        juin. Les soldats du régiment de la Marine passent à Pont- Remy et se portent sur Roye ; ils forcent la ville et se rendent coupables de tous les excès, surtout envers les femmes et les filles.

29        juin. Logement du régiment de Valmont à Domart ; il dé­loge le lendemain. .

Le dimanche 29 juin, le régiment de Valmont arriva à Domart; il en repartit le lendemain à midi. Ce régiment d’infanterie, qui était assez bon, appartenait alors à M. le comte de Guiche. Les officiers, qui étaient à cheval, surprirent le troupeau de moutons de Brucamps, qu’ils ramenèrent à Domart; ils prirent aussi le troupeau de ce bourg. Ils égorgèrent cent quinze des meilleurs moutons et les distribuèrent à chaque compagnie. Ces soldats causèrent de grands dégâts dans les maisons; ils paissèrent et coupèrent les blés dans les jardins et dans les champs.  

6 juillet. Logement à Domart du régiment du Vidame.

18 juillet. Logement à Domart du régiment de Bourdonné ve­nant d’Ardres.

2-12 août. L'armée du comte d’IIarcourt quitte les environs de Notre-Dame de Liesse, où elle était campée, traverse le Santerre et arrive à Longueau le 10 ; elle en repart le 12 pour aller cam­per à Domart.

13 août. Le comte d’Harcourt quitte Domart pour se rendre entoute hâte dans le Boulonnais, où les Espagnols causaient les plus grands ravages,

30 septembre. Le comte d’Harcourt revient à Doullens avec ses troupes.

2     octobre. Les soldats du comte d’Harcourt quittent Doul­lens et retournent par le Santerre à Notre-Dame de Liesse.

12 novembre. L’armée prend ses quartiers d’hiver en Picar­die, en Normandie et dans le Vimeu.

1643

Mars. Mouvements de troupes entre Amiens et Abbeville.

23 mars. Revue des troupes à la Hotoie en présence de Gassion et de M. de Bellejamme, intendant de Picardie; il se trouvait 5,000 hommes de chevaux et 3,000 fantassins. De nouvelles troupes entrent journellement dans Amiens ; la ville est bientôt pleine de gens de guerre, qui se livrent à tous les excès.

1er avril. Le gouverneur de Doullens fait préparer des pieux et ordonne aux sujets de son gouvernement de garder l’Authie.

18 avril. Le duc d’Enghien, nommé général de l’armée de Pi­cardie, arrive à Amiens ; on tire vingt coups de canon.

M. le Duc arriva à Amiens le samedi 18 avril; on tira à cette occasion vingt pièces de canon; son armée était restée aux environs de Péronne. Un régiment de Suisses s’avança jusqu’à Saint-Riquier et y resta pendant quinze jours; il alla ensuite loger à Berteaucourt et passa par Domart. Quelques compagnies de cavalerie rôdaient le long de la Somme.Le 25 avril, M. de Louvel, gouverneur d’Abbeville, fit réquisitionner une certaine quantité de gerbées dans les villages de l’élection de Doullens et de celle d’Abbeville pour faire subsister les chevaux logés dans cette dernière ville.

Ce fut M. le duc d’Enghien, fils ainé de M. le Prince, qui fut fait général de l’armée de Picardie pour la campagne de 1643; il eut pour lieutenant M. du Hallier .
 

8 mai. Les cavaliers logés à Amiens et à Abbeville se rendent à Albert.

8 mai. Le régiment de Coislin passe à Domart et à Fieffes pour se rendre aussi à Albert.

28 mai. Le régiment de la Marine, venant du Boulonnais, loge à Franqueville ; ce village est livré au pillage ainsi que l’église ; les soldats mettent le feu au portail et brisent les vitres.

26-28 juillet. Manicamp, commandant un détachement de 700 hommes, traverse l’Artois et vient loger â Bouquemaison le 26, passe à Dompierre le 28 et s’arrête à Saint-Riquier.

2   août. 120 cavaliers espagnols sortis de Douai arrivent â Bou­quemaison, où ils dressent une embuscade ; dix d’entre eux sont

envoyés en avant ; ils prennent quelques paysans qu’ils relâchent ensuite et font semblant d’avoir peur. Les paysans informent la garnison de Doullens de ce qui vient de leur arriver ; 22 cava­liers sortent de Doullens et tombent dans le piège tendu par les ennemis ; peu s’en fallut que le gouverneur, M. de Monteclair, ne fût pris lui-même.

20 août. Le duc de Chaulnes fait rentrer à Amiens tous les officiers de son régiment, alors â Thionville ; sur son ordre, des vivres et des munitions de guerre sont déposés dans la citadelle d’Amiens ; il y fait aussi conduire les canons qui se trouvaient dans le magasin.

4 décembre. 200 cavaliers de la garnison de Douai, accompa­gnés de 50 paysans armés de haches et de cognées pour enfoncer les portes, s’avancent jusqu’à Puchevillers, où ils arrivent la nuit ; ils mettent le village au pillage, enlèvent des vaches et des charrues, tuent un homme et en blessent plusieurs autres.

20 décembre. Les Espagnols envoient des lettres de somma­tion aux habitants de Beau val, de Beauquesne et de Puchevillers, les menaçant de mort s’ils se refusent à payer une contri­bution de guerre.

28 décembre. Le duc d’Elbeuf, nommé gouverneur de la Pi­cardie en remplacement du duc de Chaulnes, fait son entrée à Amiens.

28   décembre. Le nouveau gouverneur arrive à Abbeville ; il se rend à Rue le 31 décembre.

1644

22 janvier. Les Espagnols arrivent la nuit à Beauval et à Bretel et pillent ces deux localités.

28   avril. Il entre à Amiens un grand nombre de gens de guerre.

Mai. Des gens de guerre continuent d’arriver à Amiens et à Abbeville,

9 mai. Logements de troupes dans le Vimeu, à Saint-Riquier, à Vauchelles et à Domart,

12 mai. Arrivée de la Meilleraye  à Amiens ; il est tiré vingt coups de canon dans la citadelle.

17 mai. Les soldats quittent Amiens et Abbeville et prennent leur direction par Domart et Doullens pour entrer dans l’Artois, pendant que le duc d’Orléans, nommé généralissime de l’armée de Picardie, quittait Roye, où il se trouvait avec 10,000 hommes pour se rendre à Péronne et entrer dans l’Artois par la Thiérache.

16 juillet. Arrivée à Abbeville de 600 soldats espagnols faits prisonniers I Gravelines ; ils sont échangés trois jours plus tard.

19 août. Arrivée â Domart de l’armée du duc d’Elbeuf, com­posée de 4,000 hommes.

30 août. Un détachement de 8,000 hommes, sous le commande­ment de Magaloty, maréchal do camp, est envoyé sur les fron­tières de l’Artois pour s'opposer à l’armée du duc de Lorraine. En quittant Gravelines, ce détachement passe près de Doullens, par Beauval, et se rend à Albert, où il demeure pendant neuf jours.

29   septembre. A l’occasion de la prise de Phillipsburg, on tire vingt coups de canon à Amiens ; un Te Deum est chanté à la cathédrale.

30  septembre. On fabrique à Abbeville une grande quantité de pics, de hoyaux, de serpes et de cognées pour servir aux manœu­vres que l’on compte employer à relever les fortifications des forts pris aux environs de Saint-Omer ; huit mille brouettes sont confectionnées à Amiens pour le même objet.

3-5 décembre. Des soldats français logent à Domart, à Talmas, à Franquevîlle et à Bonneville ; ils commettent toutes sortes de dégâts.

9 décembre. Une querelle émue entre le duc d’Elbeuf et Gassion allait être vidée par un duel ; les deux adversaires se rendi­rent à la Madeleine, près d’Amiens jamais leurs témoins empêchè­rent le combat.

Décembre. Nombreux logements de troupes à Domart.

1645

Janvier. Les bourgeois de Domart ont encore à loger un grand nombre de soldats.

22 avril. Logement du régiment de Rambures à Saint-Riquier.

2 et 3 mai. Les soldats de Gassion quittent Arras et viennent lo­ger à Doullens, puis à Saint-Ouen et à Bettencourt, et enfin à Halloy et à Pernois.

Mai. Les villages de Franqueville, Gorenflos, Ergnies, Fransu, Domqueur, Plouy, Mesnil, Bernaville, Canaples, Lanches-Saint- Hilaire, Fienvillers, Berneuil, Flixecourt, Ouville, Hautvillers, Brucamps, Surcamps, Bourseville, Berteaucourt, etc., souffrent cruellement du logement des gens de guerre.

11 mai. Les habitants de Saint-Hilaire, qui venaient de creu­ser une carrière pour se mettre en sûreté, sont découverts par les soldats, qui mettent le feu à l’entrée du souterrain ; les malheureux paysans sont obligés de sortir de leur galerie pour éviter d’être asphyxiés, et se défendent à coups de pierre ; plusieurs d’entre eux sont blessés ; les soldats s’emparent de leurs bestiaux et les obligent à racheter leurs vaches moyennant une pistole par tête.

27-28 mai. Tous les soldats cantonnés en Picardie reçoivent l’ordre de se mettre en marche ; ils traversent l’Authie en qua­tre endroits pour entrer en Artois.

29 mai. Le duc d’Orléans arrive à Amiens; il va rejoindre l’armée dont il est généralissime.

5 juin. M. de la Ferté-Imbault, commandant du corps de ré­serve, composé de 8,000 hommes, établit son camp à Domart et aux environs.

10 juin. Il est publié à son de trompe que personne « n’ait à danser, ni faire bal, ni banquet superflu avec joueurs de violon, hautbois ou autres instruments, ni même de chanter dans les cabarets et tavernes. »

19 juillet. Te Deum chanté à Amiens avec feux de joie à l'oc­casion de la reddition de la ville de la Motte, en Lorraine, de deux grandes victoires en Catalogne et de l’accouchement de la duchesse d'Orléans.

3  septembre. Passage du duc d'Orléans à Doullens ; il retourne à la Cour.

4  octobre. Incendie du château de Wargnies.

17 octobre. Incendie du château, de l’église et du prieuré de Domart.

22 octobre. Les soldats composant l'armée du duc d’Orléans ayant quitté la Flandre reviennent en Picardie et logent à Bernaville, Fienvillers, Zoteux, Prouville, Beaumetz, Ribeaucourt, Barlette et Cramont.

En l’année 1645, les eaux et les sources furent si basses que les puits et les fontaines étaient presque, taris. La moisson fut très abondante et le blé pur froment se vendit 24 sous le quar­tier.

1646

Mai. Logements de troupes à Famechon, Beauquesne, Épécamps, Franqueville, Boisbergues, Berteaucourt, Neuvillette, Ergnies, Ville-Saint-Ouen, Surcamps, à l’abbaye de Moreaucourt,

1659

1659.
 

Mars. Les troupes françaises qui ont hiverné en Picardie se rassemblent sur la rive gauche de la Somme. Les soldats se livrent aux plus graves excès: ils pillent, tuent, violent et démontent les fers des moulins à blé.
 

4 mai. Rendez-vous des troupes à Domart. Les villages de Franqueville et de Houdencourt sont livrés au pillage par l’infanterie. La cavalerie cause de grands dégâts à Saint-Ouen,et à Béthencourt, où elle fauche les blés. Berneuil, Saint-Léger,Berteaucourt et Halloy sont dévastés. L’artillerie arrive le même jour à Naours et à Talmas.
 

8 mai. La Meilleraye, grand maître de l’artillerie, placé à la tête de l’armée qui doit opérer en Artois, arrive à Domart.
 

9 mai. Les soldats français décampent de Domart et des environs; ils vont camper a Doullens, à Bretel et aux alentours; le lendemain, ils arrivent à l’abbaye de Cercamp.

 

Date de dernière mise à jour : 18/06/2022

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