Georges Froment-Guieysse (1880-1967), éditeur et défenseur de la langue française. C'est le 4 novembre 1916 que la sœur cadette de Marcel Guieysse, Denise Claire Simone Guieysse (Kervéléan en Caudan, 3 août 1887 -Abidjan, Côte-d'Ivoire, 15 juin 1965) épouse à Lanester Georges Eugène Alcide Froment. Né le 3 avril 1880, Froment se passionne dès sa jeunesse pour les questions coloniales. Fondateur en 1903 de l'Action Coloniale et Maritime, il crée la même année la revue Le mois colonial et maritime. En 1905, il fonde le Comité de l'Océanie française et en 1911 la revue Océanie Française. Chargé de missions dans différents territoires français d'outremer, il est envoyé en 1911 en Polynésie française et rencontre aux îles Sous-le-vent celle qui fut immortalisée par Pierre Loti, Rarahu, qu'il photographie (54). Mobilisé en 1914, blessé en 1918, il est démobilisé par Clemenceau pour se rendre en préparation du traité de paix en Océanie où les Allemands possèdent quelques îles. Georges Froment consacre les années d'après-guerre au développement de la Banque Coloniale d'Etudes et d'Entreprises Mutuelles qu'il avait fondée en mai 1914. La grande crise met un terme en 1931 à ses activités dans le monde des affaires dans des conditions difficiles, comme en témoigne la lettre de Marcel Guieysse au libraire Maurice Le Dault en date du 26 novembre de la même année : "Nous sommes indignés de la mesure arbitraire prise contre mon beau-frère par suite des manœuvres de ceux qui veulent l'abattre à tout prix parce qu'il les gêne ; il venait d'annoncer la publication prochaine d'un livre sur "Le drame de la Banque Coloniale". L'accusation portée contre lui est une infamie ; de même l'histoire du bilan fautif. Depuis la sanction des opérations de la Banque Coloniale, il y a plus de dix mois, par suite de la crise générale et de la carence d'autres banques, mon beau-frère travaillait avec acharnement au relèvement de la situation générale, en dépit de ses lourdes difficultés : il a tout perdu dans la Banque et a neuf enfants... Rien ne justifiait cette brusque et brutale mesure qui est scandaleuse" (55). Froment publiera en 1932 son livre-plaidoyer Moeurs financières d'aujourd'hui. Le drame de la Banque Coloniale. Froment qui se fait appeler maintenant Froment-Guieysse va se consacrer désormais à faire connaître l’œuvre civilisatrice de la France en Afrique et à dire sa foi dans la langue française comme instrument de civilisation. Il crée en 1937 les Editions de l'Encyclopédie Coloniale et Maritime dont il est le directeur général et qui deviendront par la suite les Editions de l'Union française (56). Dix volumes de l'Encyclopédie coloniale verront le jour : le Maroc (1940), la Tunisie (1942), Madagascar-Réunion, deux volumes (1947), l’Algérie, deux volumes (1948), l’Afrique Occidentale Française, deux volumes (1949), l’Afrique Equatoriale Française (1950), Cameroun-Togo (1951), encyclopédie complétée par les Cahiers Technologiques de l’Afrique (les mines, les oléagineux), des numéros spéciaux sur le tourisme en Afrique du Nord et en Afrique Noire, des ouvrages particuliers tels que l’Habitat au Cameroun et Dans la lumière des cités africaines et surtout l'Encyclopédie Mensuelle d'Outre-Mer dont le premier numéro paraît en septembre 1950. Il crée également la collection des grands noue des rapports étroits avec les autorités des nouveaux Etats africains francophones indépendants et à diverses conférences sur la langue et la littérature française. Il écrit de nombreux ouvrages coloniaux, quinze volumes parus dont trois sont de sa main : Jules Ferry (1937), Savorgnan de Brazza (1945), La Pérouse (1947). Il collabore à l'Encyclopédie de la France et du Monde de Marcel Guernier et dont il assure l'édition. Parallèlement, il publie un essai en deux volumes sur Victor Hugo (1948) et une plaquette sur La langue française à travers le monde (1950). Froment-Guieysse crée les Bibliothèques Universitaires de l'Afrique pour la diffusion du livre français et lance une expérience de bibliobus itinérant en Afrique Occidentale Française en 1950. Il s'installe à Abidjan en 1958 et se consacre essentiellement à La lettre hebdomadaire d’Afrique à l'occasion de laquelle il décéda à Niamey (Niger) le 27 avril 1967 et ses cendres seront transférées à Abidjan le 15 juin suivant.